Abstracts
Résumé
Dans ces notes prélevées de ses carnets qui s’échelonnent sur dix ans, Georges Didi-Huberman interroge la fragilité et la résistance entêtante de l’image, ce qui s’ouvre en elle et appelle le regard, à la limite de la perception et du sensible : détails insolites, approches et distances équivoques, signes continus et discontinus, déposition à l’oeuvre dans la composition même, cadrage et regard tranché, carnation et couleurs qui sont le réel sujet du tableau, chien rejeté dans l’ombre, juste devant nous, et que personne ne voit, ou encore ce fil rouge que, grâce à Vermeer, nous n’oublierons jamais. L’ekphrasis répond alors à ces choses aperçues, à peine visibles ou au contraire rendues visibles par l’image, juste « assez étranges pour êtres vues et interrogées ». Le langage qui entre en résonance avec elles n’est plus discours ni expression, mais « sortie du discours hors de lui-même en vue de décrire quelque chose qui semblait d’abord impossible à exprimer » – extases de phrases.
Abstract
Drawn from Georges Didi-Huberman’s notebooks over a period of ten years, these entries ponder the image’s stubborn resistance and fragility, that which opens up within it, calling for a gaze at the very limits of perception and sensibility: odd details, equivocal distances and approaches, continuous and discontinuous signs, a deposition at work in the composition itself, framings and bold stares, carnations and colours that turn out to be the painting’s true subject, an overshadowed dog in the foreground, unseen, a red thread made unforgettable by Vermeer. Ekphrasis responds to these glimpses, barely visible or conversely made visible by the image, just “strange enough to be seen and inquired into.” The language that resonates with them is no longer a form of discourse or expression but a “way out of discourse itself in order to describe something that seemed initially impossible to express”—ecstasies of phrasing.