Abstracts
Résumé
Guillaume Apollinaire apparaît comme un passeur entre deux siècles, mais aussi entre deux âges de la poésie. Son lyrisme offre un versant ludique à registres multiples (humour, ironie, comique), qui interroge la relation entre poésie et rire dans le contexte moderniste du jeune xxe siècle, entre tradition de l’esprit fumiste et essor du surréalisme. On propose quelques repères dans son parcours sous l’angle des formes poétiques, et plus particulièrement de la rime, lieu d’élection de l’équivoque. Ses textes manifestent des tensions entre héritage et subversion à travers diverses figures littéraires : la réception contrastée des Parnassiens Banville et Coppée, mais aussi la veine ironique d’Allais et Jarry, qu’Apollinaire oriente vers l’autodérision dans le conte « Le poète assassiné ». Sa création poétique oscille entre « l’Ordre » et « l’Aventure », du souvenir de la rime équivoque au déploiement du calembour comme principe dynamique du vers libre. Le choix des trois pièces poétiques mineures retenues par Breton dans son Anthologie de l’humour noir apporte un éclairage sur l’ambivalence de la postérité d’Apollinaire.
Abstract
Guillaume Apollinaire stands as a ferryman between two centuries and two periods of French poetry. His lyricism reveals playful sides based on different registers (humour, irony, comedy), which question the relationship between poetry and laughter in the modernist context of the new Twentieth Century, from the tradition of l’esprit fumiste to the rise of Surrealism. This paper offers some reference points in Apollinaire’s works through poetic devices, and especially the rhyme as a mark of ambiguity. His texts show tensions between heritage and subversion in connection with outstanding figures of French literature: from the contrasted reception of Parnassians Banville and Coppée to the ironic vein of Allais and Jarry that Apollinaire’s tale Le poète assassiné changes into self-mockery. His poetic creation wavers somewhere between “Order” and “Adventure.” While it is reminiscent of equivocal rhymes in the tradition of French poetry, it further extends the use of pun that turns out to be a dynamic principle of his free verse. Finally, three minor poetic texts kept by Breton in his Anthologie de l’humour noir shed a new light on the ambivalence of Apollinaire’s posterity.