Abstracts
Résumé
Dans l’Histoire des Sévarambes (1677), utopie romanesque présentée comme un ouvrage d’histoire et de géographie, Denis Veiras recourt aux tropes attendus des récits de voyages, notamment celui de l’autopsie – le témoignage oculaire – pour avérer son récit. Toutefois, malgré sa prétention à la véracité, le récit est sans cesse ébranlé de l’intérieur, déstabilisé par les différentes voix qui le tissent et qui mettent en cause l’unité épistémologique du témoin ; par la présence du ouï-dire au coeur de la relation de première main ; par les éléments dystopiques qui minent subtilement ce monde parfait. Ces failles de crédibilité affectent tant l’ethnographie que l’historiographie de la relation du capitaine Siden et la frappent d’incertitude, un peu comme les Histoires d’Hérodote, l’inventeur de la notion d’autoptes, de témoin oculaire, et constamment soupçonné de mensonge dans son témoignage paradigmatique sur l’Égypte ancienne.
Abstract
In History of Sevarambes (Histoire des Sévarambes) (1677), a Utopian novel presented as an historical and geographical work, Denis Veiras resorts to the usual travel-writing tropes, including that of the “autopsy” – the eye-witness account – to give credence to his narrative. However, despite his claim to veracity, the story is persistently disrupted from within, destabilized by the various inter-weaving voices, which challenge the witness’s epistemological coherence; by the presence of hearsay inherent in the first-hand relationship; by the dystopian elements that subtly chip away at this perfect world. These cracks in the credibility affect both the ethnography and the historiography, of Captain Siden’s relationship and slap uncertainty on it, a little like the Histories of Herodotus, inventor of the notion of autopsies (autoptes), of eye-witness evidence, who is constantly suspected of untruths in his paradigmatic descriptions of Ancient Egypt.