RecensionsBook Reviews

Scott, Colin H. (ed.), 2001, Aboriginal Autonomy and Development in Northern Quebec and Labrador, Vancouver, UBC Press, 436 pages.[Record]

  • Jean Rousseau

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  • Jean Rousseau
    Institut en environnement, développement et société
    Université Laval
    Pav. De Koninck,
    Québec (Québec)
    Canada, G1K 7P4
    jean.rousseau@fss.ulaval.ca

L'origine de cet ouvrage collectif est liée à la mise sur pied du programme de recherche AGREE (Aboriginal Government, Resources, Economy and Environment) en 1991 par des professeurs de l'Université McGill. Ce programme, auquel sont associées d'autres universités et des institutions politiques autochtones, porte sur les pratiques culturelles, territoriales, économiques des peuples autochtones du Nord du Québec et du Labrador qui cherchent à contrer la logique de dépossession et de subordination résultant de leur colonisation. L'influence de ce programme sur ce volume transparaît à divers degrés, tant dans les collaborateurs que dans les problématiques qui y sont abordées. Le directeur de l'ouvrage, Colin Scott, mentionne à cet égard qu'on a demandé à tous les auteurs de discuter des stratégies de résistance et des formes de développement mises de l'avant par les communautés autochtones qui visent à retrouver ou bien à préserver leur autonomie gouvernementale. Comme c'est souvent le cas des ouvrages collectifs, cet objectif n'est que partiellement atteint. Certes, l'excellente introduction de Colin Scott — qui présente de façon concise les principaux enjeux liés à une reconnaissance pleine et entière de l'autonomie gouvernementale pour ces peuples autochtones — contribue à bien structurer la problématique du livre. Toutefois, les concepts et les pistes de discussion soulevés dans l'introduction ne sont pas repris par l'ensemble des auteurs. Ce volume est structuré autour de trois parties distinctes. La première partie porte sur les changements territoriaux qu'ont connus les peuples autochtones du Nord du Québec et du Labrador. Les différentes analyses montrent que leur résistance politique s'est traduite par un affrontement entre deux logiques territoriales s'articulant autour de formes spécifiques de territorialité : une logique de tutelle et de protection de terres ancestrales ancrée sur des pratiques symboliques et économiques vis-à-vis une logique de souveraineté étatique basée sur la propriété du sol et la délimitation de frontières. Malgré l'imposition de cette dernière par les gouvernements, notamment par la réalisation de projets de développement et la signature d'ententes territoriales, les peuples autochtones ont lutté afin de préserver leurs coutumes et pratiques associées à leur occupation de leurs terres ancestrales et de voir reconnaître leurs toponymies. L'analyse de Ludger Müller-Wille sur le processus de désignation du nom Nunavik au cours de laquelle les Inuit ont joué un rôle déterminant ou celle de Sylvie Poirier sur l'histoire des différentes cartographies et géographies culturelles et politiques des Attikamekw sont à cet égard particulièrement éclairantes. L'appropriation des termes de la logique de la territorialité étatique par les peuples autochtones du Nord du Québec et du Labrador les a contraints à transposer leurs luttes sur de nouveaux terrains qui se sont avérés être jusqu'à maintenant peu favorables à la reconnaissance de leurs droits. La discussion de Monica Mulrenam et de Colin Scott sur la reconnaissance des droits sur le littoral dans les trois ententes territoriales (la Convention de la Baie James et du Nord du Québec de 1975, l'Accord définitif du Nunavut de 1993 et la Convention définitive des Inuvialuit de 1984) illustre les difficultés rencontrées par les peuples autochtones qui sont souvent accrues par l'absence de volonté politique réelle de la part des gouvernements. La deuxième partie porte sur les conflits autour de la réalisation de projets de développement et de la conservation des ressources naturelles. Un changement important des dernières années a été l'ouverture à une participation des peuples autochtones dans la gestion des ressources fauniques et forestières. Bien que cette ouverture constitue une réponse aux revendications des peuples autochtones et ainsi, à une reconnaissance de leurs savoirs, elle ne comporte pas nécessairement un empowerment de ces derniers. L'analyse de Harvey Feit et de Robert Beaulieu …