RecensionsBook Reviews

DAMAS, David, 2002 Arctic Migrants / Arctic Villagers. The Transformation of Inuit Settlement in the Central Arctic, Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 277 pages.[Record]

  • Francis Levesque

…more information

Dans ce livre, David Damas explore les changements survenus dans les structures d’occupation du territoire (patterns of settlement) des Inuit de l’Arctique central canadien au cours des années cinquante et soixante du vingtième siècle. Pour ce faire, l’auteur analyse les facteurs socio-politiques qui ont favorisé la sédentarisation des Inuit. Il part de deux constats. Premièrement, la sédentarisation est un mouvement double qui implique une action gouvernementale concertée (réinstallation ou établissement de politiques sociales) et un désir des populations locales de vivre dans les communautés nouvellement créées (migration). Deuxièmement, les politiques gouvernementales à l’égard des Inuit se sont renversées entre le début et la fin des années cinquante. D’une politique de dispersion qui visait à encourager les Inuit à occuper le territoire, le gouvernement change son fusil d’épaule au milieu des années cinquante et met en place des politiques sociales qui les encouragent à se sédentariser. Damas appuie sa discussion sur des données puisées d’une part dans le corpus anthropologique et historique touchant à tout l’Arctique central et d’autre part dans divers fonds des Archives nationales du Canada, du Prince of Wales Heritage Centre à Yellowknife ainsi que des Archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Winnipeg. Le livre comporte huit chapitres qui sont accompagnés de 54 pages de notes, d’une bibliographie et d’un index exhaustif. Dans les premières pages du livre, l’auteur décrit la notion de structure d’occupation du territoire. Cette structure est composée de quatre éléments: la location des camps, la durée d’occupation, la taille du groupe et le type de regroupement. Plusieurs facteurs influencent la structure d’occupation du territoire, mais c’est le facteur économique qui possède l’influence la plus importante. Par nécessité, le groupe devra occuper le territoire de manière à se procurer les ressources qui lui permettront d’être économiquement viable. Cependant, des facteurs symboliques (fêtes, cérémonies, interdits) ou des facteurs familiaux ont également une influence sur les aspects de la structure d’occupation. C’est en considérant l’importance du facteur économique que doivent être analysés les premiers contacts entre Inuit et Qallunaat. Ces premiers Qallunaat sont explorateurs, baleiniers ou travaillent pour les compagnies de traite. Ils ont avec eux un ensemble de ressources utiles ou agréables pour les Inuit. Bien qu’il soit difficile d’établir avec exactitude quelles étaient les structures d’occupation du territoire antérieures à l’arrivée des premiers Qallunaat, l’auteur mentionne que les Inuit les altèrent afin de tirer le maximum de ces contacts. L’altération devient plus importante avec l’arrivée des comptoirs de traite qui transforment les Inuit en trappeurs. Bien qu’ils soient toujours semi-nomades, leur présence prolongée auprès de leurs lignes de trappe et au comptoir de traite les force à occuper le territoire d’une manière différente de celle dont ils avaient l’habitude à la période de pré-contacts. L’auteur souligne que les missions participent aussi à l’altération des structures d’occupation du territoire en encourageant les Inuit à demeurer auprès d’elles, mais que leur influence n’est pas aussi importante que celle des comptoirs de traite. Damas poursuit en présentant la politique de dispersion qui était privilégiée par le gouvernement fédéral jusqu’au milieu des années cinquante. Cette politique était nécessaire parce que les Inuit avaient tendance à venir s’établir de manière permanente autour des missions et des postes de traites. Elle était supportée par la Compagnie de la Baie d’Hudson qui avait besoin que les Inuit vivent sur le territoire et s’occupent de leurs lignes de trappe. Le gouvernement fédéral encourageait leur dispersion parce qu’il croyait que des Inuit sédentarisés perdraient de leur initiative et vivraient au crochet de l’État. Le gouvernement considérait également que l’igloo était un abri qui offrait de meilleurs conditions sanitaires que …

Appendices