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HURET, Pauline (dir.), 2003 Les Inuit de l’Arctique canadien, Québec, CIDEF-AFI, Collection Francophonie, 266 pages.[Record]

  • Julie Rodrigue

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Depuis le succès international du film de Zacharias Kunuk, Atanarjuat. La légende de l’homme rapide, les Inuit et leur mode de vie provoquent la fascination. Plusieurs documentaires, articles et livres destinés à un auditoire curieux d’en savoir davantage ont été produits. L’ouvrage collectif intitulé Les Inuit de l’Arctique canadien, dont les textes ont été recueillis par Pauline Huret, s’adresse à la portion francophone de ce public. C’est d’ailleurs, à notre connaissance, la première fois qu’une introduction aussi complète est publiée dans la langue de Molière. C’est donc dans cet esprit qu’il faut aborder cette publication et se demander en quoi elle peut à la fois plaire à un large public et démystifier une réalité qui nous est souvent présentée de façon romantique. Ce collectif s’ouvre sur une préface signée Michèle Therrien, professeure d’inuktitut et de culture inuit à l’Institut national des langues et civilisation orientales (Inalco) de Paris. Cette préface est suivie de portraits statistiques du Nunavik et du Nunavut. Vient ensuite l’introduction, qui comprend trois textes. Le premier, de l’anthropologue Yvon Csonka, présente l’histoire de l’Arctique central et oriental canadien de la préhistoire au 21e siècle. L’auteur réussit très bien à dresser de façon succincte l’historique du peuplement de cette région. Il termine avec une explication pertinente et indispensable des différences entre le rapport au temps chez les Inuit et chez les historiens occidentaux, ces derniers étant souvent déconcertés par le fait que les Inuit ne datent pas nécessairement les événements. La géographe Béatrice Collignon, quant à elle, explique en quoi la géographie dite savante n’arrive pas à appréhender le territoire inuit d’une façon adéquate et introduit les lecteurs aux perspectives inuit. Vient ensuite l’article de la linguiste Nicole Tersis, à propos de l’inuktitut. L’auteure dresse un historique de l’introduction du syllabaire chez les Inuit puis donne un bref aperçu de la structure syntaxique de l’inuktitut. La partie suivante porte sur les systèmes de représentations inuit. Elle est également composée de trois textes. Le premier est signé par l’anthropologue Frédéric Laugrand qui présente au lecteur les cosmologies inuit. L’auteur ne se contente pas de dresser un portrait du chamanisme inuit tel qu’il était pratiqué avant l’arrivée des Euro-Canadiens. Il explique aussi en quoi la transition vers le christianisme a transformé ces cosmologies, en insistant sur le fait que plusieurs éléments de continuité sont toujours observables. Pauline Huret, diplômée de l’Inalco, présente la notion de personne et comment les individus se perçoivent comme un élément parmi tant d’autres formant un tout qu’elle appelle «cosmos». L’auteure réussi à décrire de façon relativement simple une réalité complexe. Par la suite, Guy Bordin, aussi diplômé de l’Inalco, confronte de façon intéressante les visions occidentales et les représentations inuit de la nuit arctique. Depuis bien longtemps, le milieu naturel dans lequel évoluent les Inuit suscite la fascination. Deux articles nous présentent comment les Inuit s’approprient ce milieu. Le premier, signé Vladimir Randa, anthropologue et chargé de cours à l’Inalco, explore les relations qu’entretiennent les Inuit avec les animaux qui peuplent leur territoire. Depuis une période de dépendance totale envers les gibiers terrestres et marins jusqu’à l’époque contemporaine où la chasse semble devenir un luxe, il explique en quoi ces relations changent. Le vêtement fait aussi partie de l’adaptation des Inuit à leur milieu naturel. Cécile Herrmann, diplômée de l’Inalco, propose un article sur la confection, l’esthétique et la symbolique des vêtements inuit. Elle y démontre bien en quoi cette activité féminine occupe encore le temps de plusieurs femmes. Comment aborder l’univers inuit sans traiter de la création artistique et de la créativité? Gwénaële Guigon et Aurélie Le Marec, toutes deux diplômées …