RecensionsBook Reviews

HOOD, Bryan C., 2008 Towards an Archaeology of the Nain Region, Labrador, Washington, National Museum of Natural History, Smithsonian Institution, Arctic Studies Center, Contributions to Circumpolar Anthropology, 7, 365 pages.[Record]

  • Yves Labrèche

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  • Yves Labrèche
    Collège universitaire de Saint-Boniface
    200, avenue de la Cathédrale
    Winnipeg (MB), R2H 0H7, Canada
    ylabrech@ustboniface.mb.ca

Bryan Hood contribue depuis plus de 30 ans à l’archéologie des peuples nordiques. Il a travaillé non seulement au Labrador, mais également sur la Terre de Baffin, au Groenland, dans le nord de la Norvège et en Russie. Il a fait ses premiers pas au Labrador dans le cadre de travaux dirigés par l’archéologue William Fitzhugh qui s’est d’ailleurs occupé de l’édition finale de cette monographie. Bryan Hood enseigne l’archéologie à l’Université de Tromsø en Norvège depuis 1996. C’est d’ailleurs en 1996 que j’ai eu le plaisir de le connaître car il avait accepté de diriger une des équipes devant contribuer à l’étude d’impact archéologique que l’on m’avait demandé de coordonner aux environs de Voisey’s Bay, à quelque 15 km au sud-ouest de Nain, la région qui fait justement l’objet de cette monographie (cf. Hood et Baikie 1998). Déjà à cette époque, il avait été choisi en raison de sa connaissance approfondie de l’archéologie de cette région qu’il avait déjà étudiée dans le cadre de ses études de maîtrise (Trent University) et de doctorat (University of Massachusetts, Amherst). Cette monographie porte principalement sur les sites archéologiques de l’île Nukasusutok qui occupent huit des 10 chapitres descriptifs alors que les deux autres portent sur des travaux d’envergure plus modeste réalisés aux environs de Webb Bay/Port Manvers Run, toujours aux environs de Nain. En fait, une grande attention est accordée au site Nukasusutok-5 (cinq chapitres) dont l’occupation remonte à l’Archaïque maritime. Mais Hood ne s’arrête pas là et s’intéresse également aux Paléo-esquimaux de l’Arctique et plus particulièrement aux Pré-dorsétiens et Dorsétiens qui ont également fréquenté le Labrador septentrional. Il propose aussi un aperçu de l’occupation inuit de la région (chapitre 11) en se basant sur des données ethno-historiques et archéologiques afin de saisir et dépeindre le mode de vie des chasseurs inuit qui ont occupé l’île Nukasusutok au 18e siècle. Mais ce qui l’occupe par-dessus tout, c’est de définir les limites ethniques et territoriales au cours des épisodes préhistoriques les plus anciens dont la synthèse est présentée au chapitre final. Ce qui représente l’une des plus grandes qualités des recherches qui font l’objet de cette monographie est le souci de saisir l’espace à toutes les échelles et dans ses emboîtements successifs, depuis l’étude du microcosme correspondant à l’intérieur des habitations jusqu'à la synthèse régionale elle-même replacée dans un contexte plus vaste, c’est-à-dire l’ensemble de la côte du Labrador. Cet impressionnant ouvrage traduit un équilibre remarquable entre la tradition américaine, soucieuse d’interprétation et d’explication d’une part, et d’autre part, l’école française ou européenne qui continue de produire des contributions méthodiques et descriptives des vestiges matériels du passé avec un souci de détail et de précision (cf. les résultats de fouilles pratiquées selon la technique des aires ouvertes publiés par Leroi-Gourhan et Brézillon (1972) et Plumet (1985) pour une application de cette technique en contexte arctique). Hood fait d’ailleurs référence à ces sources dans sa nouvelle publication, ce qui marque une amélioration par rapport à la majorité des publications archéologiques par des anglophones en ce qui a trait au nombre de références en français. Hood (1998) nous avait déjà donné un aperçu de son savoir faire et de ses idées théoriques qu’il reprend et développe ici avec beaucoup d’art. Il s’agit d’un changement fort appréciable par rapport aux thèses publiées autrefois par l’ancien Musée de l’homme (Ottawa) dans la collection Mercure et qui se voyaient amputées de leurs chapitres théoriques et méthodologiques. Le lecteur remarquera également la grande qualité des planches photos et des illustrations qui ne comptent pas moins de 234 figures et photos auxquelles s’ajoutent 95 tableaux. Enfin, …

Appendices