RecensionsBook reviews

NATCHER, David C., Lawrence FELT et Andrea PROCTER (dir.), 2012 Settlement, Subsistence, and Change Among the Labrador Inuit: The Nunatsiavummiut Experience, Winnipeg, University of Manitoba Press.[Record]

  • Yves Labrèche

…more information

  • Yves Labrèche
    Anthropologie, Université de Saint-Boniface, 200 avenue de la Cathédrale, Winnipeg. Manitoba R2H 0H7, Canada
    ylabreche@ustboniface.ca

Ce recueil comprend dix études de données archéologiques, historiques et contemporaines ayant trait à l’utilisation des terres et des ressources ainsi qu’au mode de gouvernance des Inuit du Labrador. En janvier 2005, ceux-ci signaient une entente avec les gouvernements fédéral et provincial au sujet du règlement de leurs revendications territoriales globales. Vers la fin de cette même année, ils célébraient leur autonomie gouvernementale dès lors acquise ainsi que l’exercice d’une certaine souveraineté sur l’ensemble du Nunatsiavut. Cet accord historique définit les limites de ce territoire, les critères d’éligibilité aux bénéfices qui en découlent, le mode de gouvernance et les droits de propriété. Les auteurs proposent d’explorer comment les limites et perspectives découlant de cette nouvelle situation se traduisent dans des politiques régionales qui tiennent compte de l’histoire complexe de la région, des schémas de peuplement (implantation, nomadisme, migrations) et de la mouvance identitaire inuit. Les auteurs interpellent le mode de vie et les traditions culturelles des Inuit en analysant des aspects aussi divers que les modes de subsistance et de peuplement depuis la préhistoire des Thuléens jusqu’à nos jours, la composition des ménages et l’économie sociale de la production alimentaire, les relocalisations et les revendications territoriales ainsi que les formes d’adaptation émergentes face au réchauffement climatique, à l’urbanisation, à la mondialisation de l’économie et à l’autonomie gouvernementale. Il s’agit d’un ouvrage interdisciplinaire dont les auteurs sont des universitaires ou proviennent des communautés, et certains chapitres résultent d’une collaboration entre ces deux groupes. Dans l’introduction, les auteurs reviennent sur les négociations territoriales qui ont porté fruit au terme de luttes échelonnées sur près de trois décennies. Ils font référence aux ayants droit, au territoire ainsi qu’aux communautés du Labrador. Les auteurs se penchent également sur les effets attendus suite à la mise en place d’un gouvernement basé sur l’ethnicité tout en annonçant très brièvement certains constats présentés plus en détail dans les 10 chapitres suivants. Ils affirment que les stratégies mises en place par le gouvernement du Nunatsiavut sont basées sur une intégration rationnelle de connaissances scientifiques et de savoirs traditionnels. Effectivement, certains chapitres (p. ex., 6 et 7), qui traitent de récolte autochtone (chasse, pêche et cueillette), sont construits sur ce principe dit «ethnoécologique». Un mode de gestion des terres et des ressources basé sur l’ethnoécologie et sur les résultats d’études du type présenté dans ce volume permettrait-il d’atteindre l’équilibre recherché dans le développement régional et durable malgré la mondialisation de l’économie? Les trois premiers chapitres traitent principalement de la préhistoire récente (Néo-esquimau) et de l’histoire des Inuit. Susan Kaplan (chapitre 1), qui travaille sur ces questions depuis plus de trois décennies, fait remonter à la fin du XIIIe siècle de notre ère le peuplement de la région par les Thuléens, ancêtres directs des Inuit. Elle évoque les changements dans la forme des maisons et dans l’utilisation des terres et des ressources. Elle traite également des contacts avec les autres Autochtones du territoire et surtout avec les «nouveaux arrivants» d’origine européenne. Elle constate une grande flexibilité dans le mode d’adaptation des «Inuit thuléens» (Thule Inuit). Enfin, elle présente le cas d’une maison habitée au XVIIIe siècle pour permettre au lecteur de bien saisir le mode de vie à cette époque. Le chapitre suivant, écrit par Peter Whitbridge, pourrait être qualifié de postmoderne. Après quelques réflexions préliminaires sur les rapports entre mythes et paysage, l’auteur présente une description des travaux archéologiques et des sites découverts dans la région du fjord Nachvak (Labrador septentrional) qu’il attribue à diverses périodes et cultures. Il poursuit en proposant des hypothèses basées sur des connaissances diffuses plutôt que sur des observations, à …

Appendices