Abstracts
Résumé
Cet article examine la démarche poursuivie par Jean-Pierre Issenhuth dans ses carnets en s’inspirant de la notion d’enracinement définie par Simone Weil. La pratique du carnet d’Issenhuth prend d’abord forme à travers un adieu à la poésie, considérée comme un langage trop artificiel pour permettre un contact direct avec le dehors. À l’inverse, les carnets sont conçus pour favoriser les rapprochements avec la « réalité rugueuse ». Ils sont imperméables à l’intériorité et Issenhuth les utilise pour explorer son rapport d’identité avec la nature et les animaux. Cette appartenance au monde lui apparaît toutefois corrélative au travail, à l’action concrète, qu’il priorise avant tout. Ses carnets montrent ultimement qu’il est un lecteur actif, un lecteur qui écrit comme on construit une cabane, conjuguant de ce fait son activité littéraire avec son projet d’enracinement.
Abstract
This paper examines Jean-Pierre Issenhuth’s approach in his notebooks, drawing inspiration from the notion of rootedness defined by Simone Weil. Issenhuth’s practice of the notebook first takes shape through a farewell to poetry, considered as a language too artificial to allow direct contact with the outside world. Conversely, notebooks are designed to promote connections with “rough reality.” They are impermeable to interiority and Issenhuth uses them to explore his identity relationship with nature and animals. However, for Issenhuth, this belonging to the world is correlative to work and to concrete action, which he prioritizes above all. His notebooks ultimately show that he is an active reader, a reader who writes as one builds a hut, thus combining his literary activity with his project of rootedness.
Appendices
Références
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