La ville durable à l’épreuve des pratiques : introduction[Record]

  • Richard Morin and
  • Florence Paulhiac-Scherrer

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  • Richard Morin
    Professeur au département d'études urbaines et touristiques de l'Université du Québec à Montréal depuis 1980. Il a mené, au cours de sa carrière, diverses recherches portant sur la revitalisation urbaine, le développement local, l'action collective, le logement communautaire, la cohabitation sociale et le développement durable.

  • Florence Paulhiac-Scherrer
    Professeure au Département d’études urbaines et touristiques au sein de l’École des Sciences de la gestion, à l’Université du Québec à Montréal, après avoir exercé comme maître de conférences à l’Institut d’urbanisme de Grenoble. Ses recherches portent sur les politiques urbaines et, plus précisément, sur les instruments de coordination urbanisme-transport. Elle est titulaire de la Chaire de recherche In.SITU sur les innovations en stratégies intégrées transport-urbanisme, rattachée à l’école des sciences de la gestion (ESG UQAM).

Élaborer un plan d’action incorporant les principes du développement durable, tel était l’appel lancé aux collectivités territoriales dans le document intitulé Action 21, mieux connu sous son titre anglais Agenda 21, adopté par les chefs d’État réunis dans le cadre du Sommet de la terre tenu à Rio de Janeiro en 1992. C’est le Rapport Brundtland, Notre Avenir à tous, qui, en 1987, avait introduit cette notion de développement durable en la définissant comme un développement qui permet de « répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs ». Quant au document du Sommet de Rio, il mettait en lumière les trois principaux volets du développement durable: social, économique et environnemental. Un quatrième volet, culturel, se rajoutera plus tard. Dans la foulée de ce Sommet et dans un contexte où le développement durable représente, au fil du temps, un cadre de référence des politiques publiques en général et de l’action publique urbaine en particulier (Gariepy et Gauthier, 2009), faire la ville durable (Emelianoff, 2007) est ainsi devenu progressivement un objectif qui s’est trouvé intégré dans les politiques, plans et projets des municipalités urbaines. Le Sommet sur le développement durable qui s’est tenu à New-York, en septembre 2015, et dont un des objectifs renvoie aux « villes et communautés durables » et la Conférence sur les collectivités durables organisée par la Fédération canadienne des municipalités, à Ottawa, en février 2016, viennent rappeler aux municipalités ce nouvel impératif (Gauthier, 2009). Le développement durable n’en suscite pas moins des débats (Mancebo, 2008; Levy, 2010), notamment sur le rapport entre le développement économique qui reste associé à la croissance, le respect de l’environnement et l’équité sociale; sur l’adéquation entre les principes du développement durable invoqués par l’action publique et les effets concrets des mesures mises en œuvre; sur la réduction du développement durable à la question environnementale étant donné, entre autres, le réchauffement climatique; sur les divers échelles du développement durable, du global au local. Le développement urbain durable (Da Cunha et al. 2005) auquel la ville durable est associée, soulève aussi des enjeux spécifiques en matière, entre autres, d’aménagement, de transport, de logement et de gouvernance. En lien avec ces débats et ces enjeux, le présent numéro thématique porte sur la mise en pratique de la ville durable. Quels sont les plans, programmes et projets qui visent à faire la ville durable ? Comment le développement urbain durable y est-il conçu ? Comment ces diverses stratégies sont-elles mises en œuvre? Dans quelle mesure contribuent-elles à réaliser la ville durable ? Cinq articles sont ici réunis autour de ces questions. Les deux premiers articles traitent de projets de « Transit Oriented Development » (TOD) prévus dans le cadre de la planification de l’aménagement et du développement métropolitain et dont l’objectif est de créer des pôles de développement résidentiel à forte densité autour d’une gare ferroviaire ou d’une station de métro afin de s’attaquer au problème de l’étalement urbain et de diminuer l’usage de l’automobile. Le troisième article questionne le fait que l’étalement urbain soit vu comme incompatible avec le développement urbain durable et s’intéresse, à partir d’une analyse des flux, à la structuration de pôles secondaires régionaux qui offrent des services et des activités de proximité. Le quatrième article analyse une action publique municipale qui vise la réalisation de quartiers durables mais qui, après s’être essentiellement centrée sur l’environnement, tente de couvrir d’autres dimensions. Enfin, le cinquième article aborde aussi la ville durable par le biais du quartier, en examinant, à partir de documents de planification, l’évolution de la dimension sociale résidentielle …

Appendices