Abstracts
Résumé
À partir du documentaire S21, la machine de mort khmère rouge du cinéaste cambodgien Rithy Panh mais aussi de réflexions menées par des anthropologues et des philosophes, cet article se propose de revenir sur le lieu du crime où des milliers de personnes furent interrogées, torturées et exécutées. Il s’agit d’apprécier comment une machine (le cinéma) tente de comprendre les mécanismes d’une autre machine, celle qui transforme des êtres ordinaires en bêtes sanguinaires. Dans cette perspective, le cinéma ne se limite plus à rendre compte du travail de la mort, mais de la mort au travail. En suscitant des situations inédites qui donnent à voir l’avènement d’un événement et par là même défient l’indicible de la mort, le cinéma révèle et recèle du sens. L’expérience génocidaire laisse des traces, mais pas forcément celles auxquelles on pense.
Mots clés:
- génocide,
- cinéma,
- mémoire,
- corps performatifs,
- S21,
- Panh
Abstract
Using the documentary S21: The Khmer Rouge Death Machine by the Cambodian filmmaker Rithy Panh, as well as reflections developed by anthropologists and philosophers, this paper returns to the “scene of the crime” where thousands of people were interrogated, tortured and executed. The objective is to see how a machine (film) attempts to understand the mechanisms of another machine, one that transforms ordinary individuals into exsanguinated animals. From this perspective, film no longer limits itself to documenting the work of death, it wants to show death at work. By revealing unusual situations that show the coming of an event and thereby provoke the ineffable of death, film both reveals and hides meaning. The genocide experience leaves traces, but not always those we expect.
Keywords:
- genocide,
- film,
- memory,
- body performance,
- S21,
- Panh
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Appendices
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