Abstracts
Résumé
Depuis plusieurs années, l’histoire de la sexualité au Québec s’est enrichie de nombreuses publications qui couvrent l’ensemble des XIXe et XXe siècles. Il semble néanmoins que la période des années 1960, pourtant très riche du point de vue du bouleversement des moeurs, ait reçu jusqu’ici une attention mitigée de la part des chercheurs. Elle correspond pourtant à une période d’intenses remises en question de la sexualité, non seulement en continuité avec les tendances libérales à la privatisation du corps et la montée de l’individualisme et de l’intimité, mais à l'intérieur même du courant nationaliste qui n’hésite pas à recycler la sexualité dans sa rhétorique émancipatrice. C’est du moins ce qui ressort d’une lecture des numéros de Parti pris. Dans les pages de cette revue, les auteurs s’interrogeaient sur la sexualité des Canadiens français, sur leurs valeurs, leurs pratiques et leurs inhibitions. Ils replaçaient la question de la sexualité québécoise dans un cadre sociologique et envisageaient sa solution de manière collective. Pour les collaborateurs de Parti pris, un nouvel érotisme allait permettre non seulement l’épanouissement plein et entier de chaque individu, mais le libre déploiement de l’imaginaire national. S’inscrivant dans l’optique de la décolonisation tout en recyclant plusieurs motifs phallocratiques, ils trouvaient dans le sujet de la sexualité matière à revoir toujours le même problème de l’aliénation et de l’exploitation des Canadiens français. La libération sexuelle, vue à travers un prisme fondamentalement masculiniste, représentait, aux yeux de ces utopistes, une facette essentielle de la libération humaine globale.
Abstract
The literature on the history of sexuality in Quebec has rapidly grown in the past few years and now covers most of the XlXth and XXth centuries. Yet, the sixties, a period of profound cultural changes, have received scant attention from scholars. This decade nevertheless corresponds to an intense redefinition of sexual relations and more, not only by accentuating the liberal trends towards the privatization of the body and the rise of individualism and intimacy, but by also accompanying a nationalist movement that did not hesitate to recycle some themes related to sexuality within its own emancipatory rhetoric. A reading of Parti Pris (1963-1968) confirms such a view. In the pages of this periodical, some authors attempted to challenge French Canadians' sexuality, questioning their values, their behaviour, and their inhibitions. They situated the question of sexuality in an ideological frame and envisioned a collective solution to its alleged perversions. For the Parti Pris collaborators, a new erotism would not only enable individual achievement, but also free the development of the national imaginary. Following the prevalent discourse of decolonisation, while recycling many phallocratie ideas, they found in the subject of sexuality the occasion to reflect on the recurrent problem of alienation and exploitation of French Canadians. The sexual liberation, seen through a fundamentally masculinist lens, represented, in the minds of these Utopian thinkers, an essential dimension of a global human liberation.
Download the article in PDF to read it.
Download