In memoriamHélène Jetté (1953-2002)[Record]

  • Pierre J.H. Richard,
  • Robert Mott,
  • David Pasho,
  • Bernard Pelletier,
  • Roger McNeely and
  • Larry Dyke

À Ottawa, le 13 août 2002, Hélène Jetté s’éteignait des suites d’un cancer. Elle avait 48 ans. Elle a mené une lutte courageuse contre la maladie en gardant intacts jusqu’à la fin son amour pour la vie, sa gentillesse, son ouverture aux autres. Elle laisse dans le deuil sa fille Louise Demers, son époux Larry Dyke, sa famille et ses nombreux amis. Dans le petit monde des palynologues quaternaristes canadiens, l’histoire d’Hélène Jetté est singulière. Née à Saint-Honoré, son enfance est champêtre mais ses études se font à Chicoutimi, ville où elle décroche un baccalauréat en biologie de l’Université du Québec, en 1976. Elle fut technicienne pollenanalyste dans le laboratoire de Pierre Richard de février 1977 à mai 1984 ; elle y a accompli un travail soutenu, remarquable de minutie et d’application pour l’identification du pollen, des spores et des autres microfossiles. Elle a ainsi contribué à l’encadrement de plusieurs étudiants inscrits aux études supérieures. En 1984, Hélène Jetté obtenait un poste d’assistante de recherche au Laboratoire de paléoécologie dirigé par Robert Mott, à la Commission géologique du Canada, à Ottawa. Elle s’est montrée alors particulièrement active. À l’appui des travaux de Robert Mott et de Thane Anderson, elle participe à l’échantillonnage de nombreux lacs au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve et dans l’État de New York (étés de 1984 à 1987). En 1987, elle contribue à l’organisation du XIIe Congrès de l’INQUA tenu à Ottawa et participe activement à l’excursion dans les provinces atlantiques. En 1988, elle présente une communication avec Robert Mott sur les problèmes de datation des sédiments du lac Chance Harbour, au VIe congrès de l’Association québécoise pour l’étude du Quaternaire qui a alors lieu à Rimouski. En septembre 1989, elle s’inscrit à la maîtrise au Département de géographie de l’Université de Montréal et en 1991, elle dépose son mémoire de recherche sur La palynostratigraphie postglaciaire de la région du lac Harriman (Gaspésie méridionale), qu’elle publie l’année suivante dans Géographie physique et Quaternaire. Hélène avait alors déjà à son actif deux publications tirées de sa collaboration avec Anne de Vernal (1983), de l’Université du Québec à Montréal, et avec Robert Mott (1991). Hélène Jetté s’est grandement impliquée dans la composante paléoécologique de PMIP (Paleoclimate Model Intercomparison Project) pour la période de 6000 ans BP, au niveau du Canada. Elle a présidé à la parution d’une synthèse de La paléogéographie et la paléoécologie d’il y a 6000 ans au Canada réunissant les contributions de quinze auteurs (Géographie physique et Quaternaire, 1995). C’était une première mondiale dans les contributions nationales à PMIP, qui faisait suite à un atelier parrainé en 1992 par la Société royale du Canada, le Centre climatique canadien et la Commission géologique du Canada. Son implication dans la confection de la toute première carte de la paléovégétation du Canada d’il y a 6000 ans fut essentielle (1994). En 1992, Hélène s’était inscrite au doctorat à l’Université de Montréal avec un sujet portant sur l’histoire postglaciaire de la végétation et du climat le long du fleuve Mackenzie. Elle projetait d’appliquer des fonctions de transfert pollen-climat, en collaboration avec Anne de Vernal et Joël Guiot (Institut méditerranéen d’écologie et de paléoécologie) et d’y intégrer une comparaison avec l’étude des diatomées ; elle a effectué les contraignants travaux de terrain durant deux étés consécutifs et complété sa scolarité de doctorat. Avec le retrait de la Commission géologique du Canada du champ de la paléoécologie en 1995, la carrière d’Hélène Jetté a été interrompue. Celle de plusieurs autres personnes a connu le même sort. Hélène a alors accusé le coup, déployé son …