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La multiplication récente des ouvrages de géomorphologie consacrés aux littoraux traduit l’intérêt grandissant pour ces milieux fragiles et séduisants. Le contact terre-mer offre en effet des paysages variés sculptés à la fois par les agents terrestres et maritimes qui ont depuis longtemps retenu l’attention des géographes physiques.

Le nouvel ouvrage d’Eric Bird, spécialiste australien des littoraux, donne un aperçu général honnête et satisfaisant des divers aspects de la géomorphologie des littoraux destiné aux étudiants des premier et deuxième cycles universitaires et pour les non-spécialistes. Les sujets traités sont nombreux et variés comme en témoigne une table des matières de six pages. Par contre, le traitement laconique accordé à la majorité des sujets est de nature à décevoir les lecteurs plus avancés.

L’ouvrage comprend douze chapitres, un appendice, une bibliographie substantielle, un court index et une table des matières détaillée.

Dans l’introduction (4 p.), il est question de terminologie, de la morphologie littorale, des anciens littoraux, de l’évolution du rivage et des changements actuels, de ceux survenus au cours de l’Holocène et de ceux à venir.

Le chapitre deux (18 p.), consacré aux processus littoraux, rappelle d’une façon plutôt elliptique le rôle prédominant des vagues, des courants et de la marée. La part faite aux autres agents (vent, glaces, froid, organismes divers, etc.) est fort modeste (1/2 page) pour ne pas dire insuffisante. Heureusement, l’auteur revient sur le sujet dans les huit chapitres consacrés aux formes littorales, soit, par ordre de présentation, les falaises et les rivages rocheux (p. 47-93) ; les plages (p. 95-161) ; les flèches et les îles barrières (p. 163-177) ; les dunes côtières (p. 179-195) ; les estrans, marais salés et mangroves (p. 197-219) ; les estuaires (p. 221-248), les deltas (p. 249-261) et les récifs coralliens (p. 263-274).

Trois autres chapitres traitent succinctement des changements du niveau des mers et des terres (p. 27-46), des côtes futures (p. 275-287) et des types de côtes (p. 289-299).

En moins de 300 pages, l’auteur fait le tour de la question en fournissant de multiples exemples tirés des divers pays qu’il a parcourus au cours de sa carrière de globe-trotter, qualificatif amical donné par des collègues australiens.

L’ouvrage est bien illustré (figures au trait et photographies), mais la qualité du papier ne rend pas justice à la plupart des photographies.

Bien que volumineuse (575 titres), la bibliographie est trop sélective et fort incomplète. À titre d’exemple, on y trouve seulement deux références aux travaux et ouvrages de Cuchlaine A.M. King, qui fut, au cours des dernières décennies, une des grandes figures mondiales dans le domaine des littoraux. Par contre, il y a 43 références aux travaux de l’auteur. Naturellement, plus de 95 % des titres sont de langue anglaise ; nous avons relevé seulement 25 titres en d’autres langues (20 en français, 4 en allemand et un en danois). Que dirait-on d’un ouvrage en français, en allemand ou en espagnol qui ignorerait plus de 90 % de la littérature de langue anglaise ?

À ceux qui entretiennent l’illusion d’être lus et cités s’ils publient en anglais, voici une anecdote convaincante. Dans cet ouvrage, l’auteur mentionne en référence mon article rédigé en français sur les caractéristiques des schorres des régions froides, paru en 1972 dans le Zeitschrift für Geomorphologie, alors que mon article synthèse sur le même sujet, rédigé en anglais cette fois et publié en 1989, dans un ouvrage allemand intitulé Zonality of Coastal Geomorphology and Ecology, dont Bird est un des deux rédacteurs, est passé sous silence. Il est difficile de comprendre une telle logique.

Pour le géographe averti, cet ouvrage général se lit facilement et avec agrément. Par son style, il diffère de la plupart des ouvrages de langue anglaise dans lesquels le texte est moins littéraire et la présentation plus didactique.

Ce nouvel ouvrage remplacera-t-il son jumeau (Coasts, an Introduction to Coastal Geomorphology) dont la troisième édition est parue chez Basil Blackwell en 1984 ? Ou bien les deux ouvrages, au demeurant fort ressemblants, se feront-ils concurrence ?

Quoi qu’il en soit Coastal Geomorphology devrait permettre aux étudiants de nombreux pays d’acquérir à un prix modeste les connaissances de base utiles à la compréhension des littoraux et surtout une prise de conscience de leur intérêt, de leur mise en valeur et de la nécessité de protéger ce patrimoine de l’humanité.