Célébrations de l’histoire et pratiques de communication publique les « Fêtes de la Nouvelle-France » de Québec en 2002[Record]

  • Josette Brun

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  • Josette Brun
    Département d’information et de communication
    Université Laval

Cet article s’intéresse aux festivités à caractère historique et aux pratiques de communication publique par l’examen de la couverture journalistique de la sixième édition des Fêtes de la Nouvelle-France (FNF), tenues à Québec en 2002. Comme les commémorations, ces manifestations récréotouristiques annuelles sont au coeur d’enjeux économiques, sociopolitiques et culturels de taille. C’est en partie par le biais de la communication publique qu’elles prennent vie, particulièrement depuis l’essor sans précédent qu’ont connu les médias de masse ainsi que les domaines des relations publiques et de la publicité au cours des dernières décennies. La réflexion qui suit cherche à jauger l’intérêt que portent les organisateurs des FNF et les médias à l’histoire, telle que présentée dans le cadre de cette célébration et en tant que champ d’étude scientifique, et à analyser les représentations que l’on fait des femmes en Nouvelle-France et du débat entourant leur statut, dans les quotidiens de la ville de Québec. L’analyse de contenu porte sur le plan directeur adopté en 2000 ; le plan de communication, le programme, le dépliant et la publicité entourant les célébrations de 2002 ; et la revue de presse réalisée pour le compte des organisateurs après ces festivités. Ce petit corpus, qui convient à une première exploration du sujet, sera élargi dans le cadre d’un projet plus vaste portant sur les FNF depuis 1997. Il est entendu que la nature commerciale et touristique d’un tel événement, de même que les contraintes entourant la production journalistique, rendent difficile la transmission de connaissances historiques dans une perspective critique faisant place aux débats ayant cours dans la discipline. Le produit présenté par les promoteurs, de même que la couverture médiatique de l’événement, peuvent néanmoins influer sur la perception qu’a le public de l’histoire. Le renouveau de la production historienne sur la Nouvelle-France depuis près de trente ans, notamment en histoire des femmes, constitue par ailleurs une matière à exploiter. Dans ce contexte, il convient de se demander, d’abord, quelle place occupe la diffusion des connaissances historiques dans les objectifs, la programmation, les stratégies de relations publiques et de promotion publicitaire des FNF ? Les quotidiens de Québec, de leur côté, se font-ils simples promoteurs ou témoins de la fête, ou profitent-ils de l’occasion pour vulgariser ou parler d’histoire ? Enfin, l’image que donnent les médias de la condition féminine en Nouvelle-France répond-elle aux critères de la production historienne actuelle ? Les FNF, organisées par Gestev, firme spécialisée en organisation d’événements, ont été lancées en 1997 par la Corporation des fêtes historiques de Québec. En août de chaque année, pendant cinq jours, elles offrent aux nombreux touristes une foule d’activités dans l’arrondissement historique du Vieux-Québec : défilés, musique, théâtre, conférences, animations de rue, visites guidées, marché public, concours de costumes, etc. Ces fêtes annuelles dont le succès touristique et économique ne cesse de croître, attirent de nombreux commanditaires d’importance, dont plusieurs médias de la région de Québec. Radio-Canada, Le Soleil et CITF Rock détente ont apporté en 2002 une contribution importante en produits et services, situation créant un potentiel de conflit d’intérêts. Les FNF préparent par ailleurs le terrain pour les célébrations du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, en 2008, déjà objet de débat national. La sixième édition de l’été 2002 retient l’attention en raison des cinq années d’expérience des FNF, qui en font une activité bien rodée, et en raison de la décision des organisateurs d’accorder plus d’importance aux femmes de la colonie, sujet historique méconnu et controversé. Les promoteurs visaient surtout à souligner le rôle des femmes dans la transmission du savoir, thème principal des festivités, mais la …

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