Débat

Réplique à l’article de Michèle Dagenais et Christian Laville[Record]

  • Robert Comeau and
  • Josiane Lavallée

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  • Robert Comeau
    Département d’histoire, Université du Québec à Montréal, Membre du CA de la Société des professeurs d’histoire du Québec

  • Josiane Lavallée
    Historienne et membre du CA de la Société des professeurs d’histoire du Québec

À la suite de la lecture de l’article de Michèle Dagenais et Christian Laville publié dans les pages de la Revue d’histoire de l’Amérique française du printemps dernier au sujet de la polémique entourant la réforme du programme en histoire et éducation à la citoyenneté en secondaire 3 et 4, nous aimerions rectifier certains propos tenus à notre égard, préciser les raisons de nos désaccords avec le contenu du projet de programme et clarifier notre position dans ce débat. Dans leur texte, Dagenais et Laville nous dépeignent comme étant « les plus farouches défenseurs du récit traditionnel de l’histoire du Québec », en déformant ce que nous avions écrit. Alors que nous disions : « on a pu constater à quel point les Québécois tenaient à conserver un enseignement de l’histoire fondé sur les événements qui ont imprimé un souvenir indélébile dans leur mémoire nationale et dans leur imaginaire collectif ». Dagenais et Laville, en tronquant notre citation, laissent croire au lecteur que c’est nous qui : « reconnaiss[ons] vouloir conserver un enseignement de l’histoire fondé sur les événements qui ont imprimé un souvenir indélébile dans [la] mémoire nationale et dans [l’]imaginaire collectif » et non les Québécois comme nous l’entendions. À la suite de cette citation déformée, les auteurs concluent que « la polémique aura surtout été alimentée par des craintes de nationalistes et, qui plus est, de nationalistes attachés à une vision ethnique de la nation. Parce que ne pouvant concevoir un enseignement de l’histoire du Québec non nationaliste, toute autre proposition ne pouvait apparaître que suspecte – comprendre fédéraliste - à leurs yeux ». Bien que nous ayons critiqué la conception de la nation civique de Gérard Bouchard en soulignant que l’ouverture aux autres ne devait pas entraîner l’effacement de la mémoire nationale des Québécois d’origine canadienne-française, cela ne fait pas de nous des nationalistes préconisant une vision ethnique de la nation québécoise. Selon les deux auteurs, nous souhaiterions revenir « à une trame événementielle traditionnelle » de l’histoire du Québec dans le but de prôner une « histoire nationaliste » rattachée à des faits et des dates correspondant à « des conflits ». En quoi vouloir enseigner la trame historique impliquant les événements de 1760, 1837, 1840 et 1867 serait-elle en soit condamnable et mériterait-elle l’étiquette de trame traditionnelle ? Pourquoi ces dates fondamentales de l’histoire politique et nationale du Québec, qui ont aussi des dimensions socio-économiques et qui sont aussi des dates importantes au Canada, devraient-elles être évacuées ? Par ailleurs, Dagenais et Laville nous accusent de vouloir faire de la propagande en tirant des leçons du passé. Plus précisément, ils écrivent : « toutes ces dates et tous ces faits correspondent à des conflits et des tensions dont on veut tirer des enseignements. Il s’agit, expliquent deux adversaires du programme, d’autant de “leçons du passé” ». À nouveau Dagenais et Laville citent hors contexte ce que nous avons écrit dans notre introduction à notre ouvrage sur Maurice Séguin : « le Parti Québécois rend publique une déclaration de souveraineté fondée sur les leçons du passé… qui reprend l’interprétation néonationaliste sur les conséquences de la Conquête et ses suites ». L’expression « leçons du passé » n’est pas de nous, mais du journaliste Michel Venne qui publiait, le jeudi 7 septembre 1995, à la une du journal Le Devoir « Une déclaration de souveraineté fondée sur les leçons du passé ». Aux yeux de Dagenais et Laville, nous serions donc pour le retour d’un « récit nationaliste composé de luttes et de revers à transmettre d’une génération à l’autre » dans le but de leur …

Appendices