Comptes rendus

Réponse au compte rendu de Gaston Deschênes publié dans le volume 62,2 (automne 2008), 294-300[Record]

  • Mathieu D’avignon

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  • Mathieu D’avignon
    Historien consultant, chercheur affilié, Groupe de recherche sur l’histoire de l’Université du Québec à Chicoutimi

Visiblement, le livre Champlain et les fondateurs oubliés. Les figures du père et le mythe de la fondation (Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2008) dérange Gaston Deschênes. On voit rarement un historien publier deux comptes rendus ou critiques d’un même livre en un an, soit dans la RHAF et dans L’Action nationale (XCIX,7, septembre 2009, 80-89). Initialement, je n’avais pas prévu répondre au compte rendu de mon livre Champlain et les fondateurs oubliés. Les figures du père et le mythe de la fondation par Gaston Deschênes (RHAF, 62,2, 294-300),mais le fait qu’il m’attribue des erreurs qui n’en sont pas ou qui n’ont pas été démontrées de manière convaincante, des intentions qui n’ont jamais été miennes, et qu’il présente ma démarche intellectuelle comme étant biaisée, m’oblige à répliquer. Je ne ferai que corriger, en rafale, le tir de certains « obus perdus »… Dans le but d’expliquer les retranchements de renseignements concernant Pierre Dugua de Mons et de contredire mes conclusions sur le travail de réécriture que Champlain effectue aux dépens d’autrui en 1632, Deschênes affirme qu’aucun de ses livres « n’avait la prétention de faire l’histoire générale des explorations ou des établissements français en Amérique » (RHAF, ibid., 295). Or, en lisant ses récits, force est de constater que l’histoire des expéditions françaises et européennes dans les Amériques l’intéresse de plus en plus. Évidemment, son but premier est de décrire les expéditions auxquelles il participe. Mais il situe à l’occasion ses actions dans le temps. En outre, en 1632, il publie deux chapitres pour ce faire. En évacuant ici et là Pierre Dugua de ses récits, Champlain n’aurait pas cherché à minimiser les mérites de Dugua ni à redorer son propre blason, il aurait simplement gommé « tout ce qui touche la logistique, la gestion, etc., de l’établissement acadien » (Ibid., 295). Deschênes ne voit pas l’importance a posteriori des actions accomplies par Dugua ou sous ses ordres en Acadie : en 1632, « quel est l’intérêt de rappeler que Dugua de Mons a envoyé une barque à la baie Sainte-Marie en 1604, ou fait faire du jardinage en Acadie, 25 ans plutôt [sic] ? » (Ibid., 296). De tels renseignements sont tout sauf anodins, dans la mesure où la France continuera de justifier sa « conquête » de l’Acadie et des « provinces circonvoisines » sur la côte atlantique jusqu’au début de la guerre de Sept Ans (sauf dans le cas des territoires cédés en 1713 à la Grande-Bretagne), en se basant notamment sur les actions accomplies par Dugua (alors lieutenant général de la Nouvelle-France) et ses hommes, mais aussi sur les récits originaux de Champlain et de Marc Lescarbot, qui les décrivaient notamment pour justifier un « droit de découverte » et une « prise de possession », antérieurs à la venue des Anglais. De plus, Deschênes me reproche d’affirmer que Champlain s’attribue à l’occasion les actions et les mérites d’autrui, en particulier ceux de Dugua. Il cite même un passage où je montre qu’après avoir reconnu que Dugua avait nommé le « cap Saint-Louis », il s’attribuait cette action. Mais il refuse d’y voir une quelconque forme de déni de la contribution de Dugua. Comment expliquer les décisions de l’auteur de supprimer telle quantité de passages qui concernent Dugua, François Gravé du Pont et les Montagnais ? Après avoir lu les phrases consacrées à l’analyse des deux descriptions des expéditions en Acadie (parues en 1613 et en 1632), où j’explique qu’il semble décrire une prise de becs entre catholique et protestant un quart de siècle …