Comptes rendus

Ingram, Darcy, Wildlife, Conservation, and Conflict in Quebec, 1840-1914 (Vancouver, University of British Columbia Press, 2013), 304 p.[Record]

  • Michael Commito

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  • Michael Commito
    Département d’histoire, McMaster University

  • Traduction :
    Françoise McNeil

Selon le gouvernement du Québec, l’industrie de la chasse et de la pêche de la province demeure, encore aujourd’hui, une composante importante de son économie. En effet, les amateurs génèrent des revenus directs de 1,6 milliard de dollars en plus du 1,8 milliard de dépenses secondaires provenant de l’intérieur et de l’extérieur de la province. Qui plus est, la chasse et la pêche demeurent pour de nombreux citoyens des activités incontournables, un passe-temps préféré et un mode de vie. Bien que nous ayons parfois tendance à voir la conservation comme un phénomène récent, une étude des premiers programmes québécois de gestion de la faune révèle que ce processus a en fait connu ses débuts il y a plus de 170 ans. Dans son livre, Wildlife, Conservation, and Conflict in Quebec, Darcy Ingram offre aux lecteurs un exposé bien rédigé et bien documenté des premiers pas du système québécois de conservation, du milieu du XIXe siècle jusqu’au début du XXe. L’auteur divise son livre en deux parties qui comprennent chacune trois chapitres. La première partie traite des années 1840 à 1880, la période de mise sur pied du premier système québécois de conservation. Au coeur de son analyse, se retrouve la culture patricienne du Bas-Canada sur laquelle s’appuie le mouvement de protection. Les patriciens auxquels il fait référence étaient un petit groupe d’aristocrates britanniques et protestants qui exerçaient un énorme pouvoir. Ces patriciens « sought to improve the world they lived in and they brought these sensibilities into their development of wildlife conservation strategies in Quebec » (p. 7). À la lecture du livre, nous sommes amenés à comprendre comment cet accent sur l’amélioration a servi d’assise au système de protection. Le premier chapitre se concentre sur la façon dont les patriciens ont établi les fondations du système québécois de protection du poisson et du gibier en établissant à la fois des dispositions législatives et des réseaux associatifs dont le but était d’améliorer les ressources fauniques au profit de l’ensemble de la province. Dans le deuxième chapitre, Darcy Ingram se penche plus profondément sur cette idée d’amélioration. Il s’intéresse à la prolifération des permis de pêche accordés aux individus appartenant à la classe patricienne ainsi qu’à la croissance de réseaux associatifs. Dans le troisième chapitre, il examine la façon dont la distribution de permis privés jumelée à l’interdiction d’utiliser certaines méthodes et certains équipements pour la chasse et la pêche est devenue source de conflits entre la vision patricienne de protection et les habitants des milieux ruraux et les Autochtones. La seconde partie du livre est judicieusement intitulée « Expansion, Consolidation, and Continuity ». En effet, l’auteur y soutient que de 1880 à 1914, le système a non seulement connu une croissance, mais qu’il a également soulevé des inquiétudes parmi les sportifs des classes moyennes et aisées. Les quatrième et cinquième chapitres dressent le portrait de cette transition alors que l’auteur décrit le développement des clubs de chasse et pêche à partir des années 1880. Bien que les patriciens n’en aient pas été totalement écartés, les enjeux reliés à la propriété foncière, à la croissance de l’urbanisation, à l’émergence de la classe moyenne et à l’augmentation démographique ont permis à cette nouvelle génération de protectionnistes sportifs d’éclipser la culture patricienne qui avait posé les bases du système provincial de gestion. Le dernier chapitre traite aussi des questions d’opposition et de résistance qui ont suivi l’établissement du nouveau système à partir des années 1880. Une partie du matériel inclus dans cet excellent chapitre est adaptée d’un article paru dans Histoire Sociale/Social History. L’auteur illustre la façon dont …