Comptes rendus

Dagenais, Maxime et Julien Mauduit, dir., Revolutions Across Borders. Jacksonian America and the Canada Rebellion (Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2019), 320 p.[Record]

  • Julie Guyot

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  • Julie Guyot
    Département de Géographie-Histoire-Politique, Cégep Édouard-Montpetit

Revolutions Across Borders. Jacksonian America and the Canada Rebellion, sous la direction de Maxime Dagenais et Julien Mauduit (tous deux de l’Université McMaster), réunit neuf collaborateurs (huit historien.ne.s, un anthropologue) qui redynamisent l’étude des Rébellions de 1837-1838 en utilisant des sources inédites, en proposant des approches théoriques et des concepts innovants, puis en présentant des personnages clés méconnus. L’ouvrage renferme sept chapitres et est divisé en trois parties : Economic Concerns, Alternative Republics (trois chapitres), Continental Impact. L’un des aspects qui rend cet ouvrage collectif novateur est l’utilisation par plusieurs collaborateurs d’une grille d’analyse « transnationale » qui permet d’illustrer dans quelle mesure les Rébellions ont pu être liées à des insatisfactions et des conflits vécus au sein de la démocratie jacksonienne. Adopter une perspective nord-américaine pour analyser les événements de 1837-1838 dans le Haut et le Bas-Canada permet de mettre en place de nouvelles explications aux profondes transformations vécues alors aux États-Unis, tant sur le plan politique, social qu’économique. Parmi les enjeux étudiés : la révolution du marché et la crise économique/financière de 1837, le mouvement des Locofocos étatsuniens (démocrates radicaux), l’abolitionnisme, l’expansionnisme américain et le concept de la Destinée manifeste. De plus, la grille d’analyse « transnationale » est présentée par certains auteurs comme étant plus pertinente que l’approche de la « Révolution atlantique » ou « Âge des Révolutions », habituellement utilisée dans l’analyse des Rébellions de 1837-1838, pour saisir l’ampleur des enchevêtrements entre les expériences canadiennes et étatsuniennes au cours de la turbulente décennie 1830. En préface, Ruth Dunley, diplômée en histoire américaine, nous présente l’homme désigné pour devenir le premier président de la République du Canada : Abram Daniel Smith (1811-1865). On y découvre un personnage oublié par l’historiographie américaine, malgré ses nombreux faits d’armes, dont celui d’avoir été dans sa jeunesse membre des loges des Chasseurs (sociétés secrètes américaines fondées en décembre 1837 dans l’espoir de libérer les Canadiens du joug britannique) pour plus tard devenir juge à la Cour suprême du Wisconsin (1853-1859), puis candidat potentiel à la vice-présidence des États-Unis. Son succès politique découle notamment de sa posture abolitionniste. La flamme radicale qui l’anime dans les années 1830 semble donc briller sous une autre forme au cours des décennies 1850 et 1860. Dunley et plusieurs membres du présent collectif insistent sur le fait que les membres des Chasseurs pouvaient avoir diverses motivations pour embrasser la cause canadienne, mais à l’origine de toutes se trouvait la conviction profonde de participer à une deuxième Révolution américaine. Dans l’introduction, « The Canadian Rebellion and Jacksonian America : A Connection Decades in the Making », Maxime Dagenais (Université McMaster et Institut L. R. Wilson en histoire canadienne) présente le contexte politique, social et économique trouble aux États-Unis au cours de l’année 1837 et montre dans quelle mesure les événements de 1837 et 1838 au Canada ont pu contribuer à une réévaluation des valeurs fondamentales de certains citoyens américains. Par exemple, la CanadianRevolution a offert aux Américains, plus attachés aux valeurs du républicanisme classique, une occasion d’exprimer leur engagement envers une cause qu’ils considéraient juste et essentielle : libérer les Canadiens de la tyrannie britannique. Parmi ces partisans : les membres des loges des Chasseurs et du mouvement des Locofocos. La section sur l’économie commence par « Patriots No More : The Political Economy of Anglo-American Rapprochement, 1815-1846 ». Dans ce chapitre, Jason M. Opal (Université McGill) propose que les Patriotes canadiens et américains de 1837-1838 ont été victimes du changement de posture des élites nationales et régionales à l’égard du Royaume-Uni. Ce dernier ne représentait plus l’ennemi à abattre, mais le …

Appendices