Produit au sein du Centre interuniversitaire d’études québécoises dans la collection Atlas historique du Québec, cet ouvrage collectif offre une synthèse remarquable sur l’histoire de l’école au Québec. Soutenu par une cartographie originale, une iconographie variée et une mise en page absolument attrayante, ce livre passionnant retrace l’évolution des actions en faveur de l’éducation des enfants des différents groupes ethnoreligieux et linguistiques composant le Québec. Il réunit des historiennes et historiens de l’éducation chevronnés, formant une équipe de haut calibre. Il propose ainsi des synthèses éloquentes de divers travaux, précisant les sources primaires et secondaires consultées en fin de bouquin, d’une manière qui rend la lecture de l’ouvrage particulièrement agréable. Signalons en outre la contribution de la géographe Sherry Olson, pionnière dans la conception de cartes géohistoriques situant dans l’espace des réalités passées complexes, dans la perspective d’en offrir des clefs d’interprétation originales. Non seulement l’ouvrage aborde la mise en place progressive d’un système scolaire public dans la province, mais il accorde une place de choix à la réflexion sur les visées éducatives, à des figures de l’évolution des pratiques éducatives, à certains programmes et moyens d’enseignement, à certains manuels scolaires incontournables et à certaines méthodes d’enseignement. Il discute aussi de quelques défis rencontrés à différentes époques pour la scolarisation et la formation de la jeunesse. Structuré en six grands chapitres, eux-mêmes subdivisés en parties à leur tour composées de courts textes de synthèse, cet atlas invite à prendre acte des lignes de force qui ont structuré l’évolution de ce secteur d’activités crucial pour le développement de la société québécoise. Car si, pour reprendre les termes du philosophe de l’éducation Oliver Reboul, le propre de l’éducation consiste à la fois à transmettre des savoirs et à donner les outils pour s’en émanciper, on observe au fil des pages comment les rapports de force se sont joués entre les différents protagonistes de ces interventions dans le but de définir les visées et d’orchestrer des actions structurantes. L’école vise-t-elle à reproduire ou à émanciper les citoyens ? Le lecteur, la lectrice remarquera que le balancier aura plus que souvent oscillé vers le premier terme. S’y lisent les tensions entre l’État, politiciens et députés, le clergé catholique, les communautés protestantes, les propriétaires mis à contribution dans le développement d’un réseau public, dans le contexte d’une société au visage changeant, poursuivant jusqu’à un passé récent l’assimilation des peuples autochtones, avec une bourgeoisie catholique francophone longtemps soucieuse de conserver ses privilèges face aux pauvres et à la classe ouvrière, et une élite anglo-protestante jugeant important que chacun sache lire pour interpréter la Bible et en tirer ses propres enseignements. Le chapitre 1 retrace l’évolution de la petite école au système scolaire public. On pourra mieux comprendre le tracé urbain des municipalités du Québec d’avant 1960, alors qu’on retrouve habituellement une école à côté d’une église, témoignant des dons fonciers du gouvernement octroyés aux communautés religieuses en échange de services éducatifs. On y verra l’affrontement des valeurs inhérentes à la diversité des intérêts que défend chacune des parties prenantes de la société, les curés étant souvent plus enclins à décorer leur église qu’à s’assurer de rejoindre le mieux possible le plus grand nombre d’enfants. Le chapitre 2 aborde la scolarisation des enfants des minorités et des peuples autochtones. On y traite des tentatives d’adaptation du système public au profil des populations issues de divers horizons, soucieuses de préserver leur identité ethnoreligieuse, de même que leur poids démographique, socioéconomique et politique. Le chapitre 3 se centre sur l’école primaire comme lieu d’enseignement et d’éducation, en abordant l’architecture et les manuels, les valeurs religieuses promues par l’école, de …
Caulier, Brigitte, Andrée Dufour et Thérèse Hamel (dir.). L’école au Québec (Québec, Presses de l’Université Laval, 2023), 506 p.
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Marie-Claude Larouche
Université du Québec à Trois-Rivières
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