Comptes rendus

Côté, Sébastien, Pierre Frantz et Sophie Marchand (dir.). Rêver le Nouveau Monde. L’imaginaire nord-américain dans la littérature française du XVIIIe siècle (Québec, Presses de l’Université Laval, 2022), 302 p.

  • Jacinthe De Montigny

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  • Jacinthe De Montigny
    Chercheuse indépendante

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Cover of Volume 78, Number 1, Summer 2024, pp. 1-175, Revue d’histoire de l’Amérique française

Sébastien Côté, Pierre Frantz et Sophie Marchand nous présentent un magnifique collectif sur la place occupée par le Nouveau Monde dans la littérature française du 18e siècle et plus précisément dans le théâtre français. Cet ouvrage prend son origine dans le projet de recherche « La Nouvelle-France sur les planches parisiennes au XVIIIe siècle : contribution à l’histoire de l’imaginaire par l’édition de comédies oubliées », projet par lequel les auteurs et autrices ont mis en lumière des pièces inédites ou méconnues de la comédie théâtrale. Cette riche contribution scientifique regroupe onze articles présentés en quatre actes. Elle est le résultat de deux colloques présentés à Paris (27 mai 2017) et Ottawa (26-27 avril 2018). Dans le premier acte qui sert également d’introduction, les trois directeurs dressent les grandes lignes du projet, et notamment l’importance de la double approche, soit celle du littéraire et de l’historien, mais également la confrontation de l’« ancrage géographique des contributeurs de ce volume » (p. 20). L’introduction permet la mise en évidence des ouvrages et récits publiés sur la Nouvelle-France avant le 18e siècle et elle permet aux lecteurs de se familiariser avec le milieu théâtral de la même époque. Enfin, les auteurs émettent l’hypothèse que « La peinture du Nouveau Monde et de ses habitants est avant tout, pour la plupart de nos auteurs, l’occasion d’ériger une figure de l’Autre, qui, par un jeu de confrontations, ramène à soi et au présent » (p. 25). Cet « Autre » permet alors de porter un regard nouveau sur soi-même et sur la France contemporaine. Dans le second acte, « Hors-scène », Marie-Ange Croft et Sophie Capmartin utilisent la presse et le récit de voyage pour appuyer leurs propos. Avec son étude du Mercure Galant et de ses « Relations de Canada », Marie-Ange Croft ouvre la porte de la recherche de la représentation de l’Amérique du Nord dans les périodiques européens, ce qui fait le pont entre littérature et histoire. Pour sa part, Sophie Capmartin démontre que les différentes réécritures des récits de Dumont de Montigny servent d’exemples pour présenter les changements littéraires de l’époque, mais également l’évolution de la politique coloniale de la France au cours du 18e siècle. Dans le troisième acte, « Voyages de comédie », les auteurs et autrices (Françoise Le Borgne, Jeffrey M. Leichman, Marie-Cécile Schang-Norbilly, Sébastien Côté et Sophie Marchand) présentent différentes pièces de théâtre issues de la comédie qui mettent en scène le Nouveau Monde. Les corpus choisis mettent en lumière des oeuvres plus ou moins connues du répertoire, pièces qui s’inspirent notamment des écrits plus populaires de l’époque, dont ceux du Baron de Lahontan. Même si les lieux ont un dénominateur commun, soit les sujets parfois divergents, ces oeuvres tendent toutes à représenter un reflet de la société française contemporaine. La critique provient souvent du personnage de l’Autochtone, qui est l’incarnation de la nature sauvage qui n’a pas été corrompue. Le Nouveau Monde présenté est l’allégorie d’un paradis idéalisé ou un ailleurs qui sert à « penser l’ici ». C’est ce que souligne Sophie Marchand : « Et ce théâtre, au fond, se ménageait encore la possibilité de rêver : rêver une Amérique et un théâtre capables de régénérer la société contemporaine » (p. 176). Dans le quatrième acte, « Un théâtre de conflits », les quatre auteurs démontrent que la perte récente de la Nouvelle-France imprègne également la scène théâtrale. Avec les nouveaux conflits émergents et l’ère des révolutions, l’ancrage des pièces dans le Nouveau Monde se fait davantage précis et met en lumière des personnages plus réels, dont le Vashington …