Comptes rendus

Fresco, Estée. Red Mitten Nationalism. Sport, Commercialism, and Settler Colonialism in Canada. Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2022, 256 p.

  • Andrew C. Holman

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  • Andrew C. Holman
    Université d’État Bridgewater (Massachusetts)

Traduit de l’anglais

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Cover of Volume 78, Number 1, Summer 2024, pp. 1-175, Revue d’histoire de l’Amérique française

Ce beau livre fait partie de ce que l’on pourrait appeler la première vague de monographies post-Commission de vérité et réconciliation (CVR) dans l’histoire savante du Canada, celles qui interprètent le passé à travers le prisme de la réconciliation et répondent à l’impératif culturel de comprendre le nationalisme canadien comme une construction de colonisateurs et colonisatrices blancs. L’ouvrage est né en 2015 sous la forme d’une thèse de doctorat en études des médias à l’Université Western Ontario. Le livre retrace l’histoire de cinq grands événements sportifs internationaux que des villes canadiennes ont accueillis au cours des cinquante dernières années et analyse la symbolique des objets de consommation qui ont été produits pour chacun d’entre eux. À première vue, Fresco explique comment les organisateurs successifs ont utilisé les Jeux olympiques d’été de Montréal (1976), les Jeux du Commonwealth d’Edmonton (1978), les Jeux olympiques d’hiver de Calgary (1988), les Jeux du Commonwealth de Victoria (1994) et les Jeux olympiques d’hiver de Vancouver (2010) pour propager des versions du nationalisme canadien qui invitaient à la participation des consommateurs et qui alliaient gain privé et bien public. Mais elle démontre également comment chacun d’entre eux, avec quelques nuances, a utilisé des symboles représentant les cultures autochtones du pays comme « appartenant » au Canada, comme faisant partie de son passé (et non de son avenir) et, plus récemment, comme relevant d’un processus largement dirigé par les colonisateurs et évoluant inéluctablement vers la réconciliation. Son livre couvre beaucoup de terrain et a des implications qui vont bien au-delà de la question de savoir comment le sport et la marchandise contribuent à façonner les identités nationales. Chacun des cinq chapitres du livre se concentre sur un événement, et l’analyse suit un parcours similaire : après avoir décrit le processus de candidature de la ville, Fresco expose le financement public et privé des Jeux et les revenus générés, avant d’entamer des développements plus longs sur trois questions centrales. La première concerne la manière dont des entreprises (comme la Compagnie de la Baie d’Hudson, Petro-Canada et la Banque royale du Canada) ont travaillé avec les organisateurs pour façonner des récits historiques sur le site des Jeux. Ainsi, les Jeux olympiques de Montréal ont mis en avant un « récit politiquement chargé » (p. 32) sur la vitalité de l’identité et de la destinée canadiennes-françaises ; les Jeux olympiques de Calgary ont réifié le thème de l’« hospitalité de l’Ouest » (p. 85) et les Jeux de Vancouver ont cherché à célébrer les cultures indigènes. La deuxième question s’intéresse à la façon dont les organisateurs et les commanditaires des Jeux ont façonné des objets de consommation matériels (mascottes, jouets, épinglettes, timbres-poste, verrerie, guides éducatifs et — oui — des mitaines rouges) pour vendre les Jeux aux citoyens canadiens. Ni « superficiels ni vides de sens », écrit Fresco, ces objets sont des « objets passionnés » (impassioned objects) (p. 7) — des textes qui, s’ils sont lus correctement, révèlent d’importantes contradictions sur les Jeux eux-mêmes. La dernière question de chaque chapitre s’attarde au fait que les versions festives du nationalisme des marques de commerce (branded nationalism) construites pendant chacun des Jeux ont masqué une réalité plus dure pour les peuples indigènes. Mis en scène au moment même où les revendications autochtones en matière de droits territoriaux et de ressources étaient ignorées, rejetées ou différées, les nationalismes de colonisateur blanc que les Jeux successifs ont générés étaient exclusifs et destructeurs, et non inoffensifs ou vides (comme certains chercheurs l’ont affirmé à propos du nationalisme « Joe Molson » tapageur du début du 21e siècle). Il …