Comptes rendus

Hardy-Seguette, Marie. Couleurs café. Le monde du café à la Martinique du début du XVIIIe siècle aux années 1860. Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2022, 406 p.

  • Julie Landweber

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  • Julie Landweber
    Université d’État Montclair (New Jersey)

Traduit de l’anglais

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Cover of Volume 78, Number 1, Summer 2024, pp. 1-175, Revue d’histoire de l’Amérique française

Tous les cafés vendus dans la France métropolitaine du 18e siècle en provenance de ses colonies antillaises et qui n’étaient pas vendus sous le nom générique de « café des îles » étaient généralement étiquetés « Martinique ». Aux yeux des consommateurs, le café martiniquais définit le premier siècle de production de café des Antilles françaises. Il est donc remarquable de constater à quel point ce produit autrefois emblématique a disparu. Aujourd’hui, le visiteur ne trouve plus à la Martinique une seule exploitation de café, ni de musée consacré à sa production locale, ni tellement de documents dans les archives départementales signalant son importance historique dans l’économie de l’île. Il n’est donc pas surprenant que l’histoire du café dans cette île ait été très peu étudiée. Dans son excellent ouvrage, Marie Hardy-Seguette remédie à cette situation en présentant une histoire sociale approfondie de la production de café, des plantations, des propriétaires et des esclaves qui y travaillaient à la Martinique. L’histoire commence dans les années 1720, lorsque le café y est introduit, et se termine dans les années 1860, époque à laquelle la production locale de café disparaît pour être remplacée par la production industrielle de sucre et, finalement, de bananes. Dans une prose lucide et bien ancrée dans les multiples littératures nécessaires à une telle étude (histoire coloniale, histoire des Caraïbes, histoire des marchandises [commodity history], systèmes de travail basés sur l’esclavage, culture des plantations et autres), Hardy-Seguette nous offre une histoire totale du monde de la plantation de café, l’« unité de production appelée “habitation caféière” » (p. 15). Le livre est divisé en trois parties de trois chapitres chacune. Chaque partie s’ouvre sur un essai historiographique. Les chapitres sont unifiés par l’objectif de Hardy-Seguette de fournir un contre-récit aux études historiques sur le monde de la plantation sucrière à grande échelle. Elle affirme que le café, qui a des exigences environnementales différentes et tendait à être cultivé sur des domaines nettement plus petits par des propriétaires moins riches, n’a pas encore trouvé sa place dans l’historiographie des denrées coloniales (p. 26). Bien que je ne sois pas entièrement d’accord (les nombreuses études sur l’histoire du café dans les Caraïbes qu’elle cite constituent une réfutation en soi), il est vrai que trop souvent, lorsque l’on pense aux productions préindustrielles des Caraïbes, on ne pense à peu près qu’au sucre. La première partie, « Le cycle économique du café », propose au lecteur un tour d’horizon de l’histoire économique du café à la Martinique, depuis l’introduction et les succès initiaux entre les années 1720 et 1770 jusqu’aux bouleversements survenus dans les Caraïbes françaises pendant la période révolutionnaire de 1789 à 1815, avant d’aborder la dépression économique qui a suivi entre 1815 et 1860 et qui a conduit à la fin de l’ère du café dans l’île. Les deux premiers chapitres présentent une multitude de statistiques sur la production, les prix et d’autres données pour la période 1720-1860 ; leur valeur réside davantage dans l’unification de ces données que dans les conclusions tirées de ces chiffres, qui sont utiles mais pas surprenants pour qui est déjà versé dans l’histoire du café. Cependant, le troisième chapitre fait preuve d’une remarquable originalité : s’appuyant avec imagination sur un large éventail de sources, Hardy-Seguette y brosse un tableau détaillé des types d’environnements dans lesquels le café était produit, du macro-niveau de la géographie au micro-niveau des espaces domestiques, des bâtiments et des outils utilisés dans les plantations. À ma connaissance, personne ne l’avait fait de manière aussi complète, ce qui rend ce chapitre extrêmement utile pour tous ceux et celles …