Abstracts
Résumé
En 1858, Henry Longueville Mansel donna une série de conférences, dans le cadre des "Bampton Lectures' ', qui suscitèrent de vives réactions. Il y défendait, entre autres, l'infaillibilité de la Bible à partir de prémisses selon lesquelles l'homme étant un être limité alors que Dieu et le monde transcendantal se situent au-delà de ces limites, l'homme ne peut, par conséquent, critiquer la Bible qui est une communication de Dieu, un Etre qui est inconnaissable par définition.
Parmi ceux qui réagirent aux propos de Mansel se trouvaient plusieurs naturalistes de l'époque et, en particulier, Thomas Henry Huxley. Celui-ci compara Mansel à un personnage caricaturé par Hogarth qui est en train de scier la branche sur le bout de laquelle il est perché. Selon Huxley, Mansel ne faisait pas que détruire la théologie chrétienne qu'il voulait défendre mais il fournissait en plus des arguments à ses délateurs. De fait, une nouvelle forme de scepticisme religieux s'édifiait à l'époque, à partir du concept que le monde matériel étant seul connaissable, le transcendantal s'avérait donc inaccessible pour l'homme. Huxley, qui partageait ces idées, désigna plus tard cette forme de scepticisme religieux sous le nom d'agnosticisme. Cette nouvelle forme de scepticisme engendra d'ailleurs de longues polémiques concernant la science et la religion et Huxley se retrouva souvent au centre de ces débats.
L'auteur analyse ici les démêlés et les jalons qui marquèrent l'évolution de l'agnosticisme et il constate que, ironiquement, si Mansel fit du tort à la religion en s'appuyant sur une perception de l'homme comme étant limité dans sa capacité de connaître, Huxley et les agnostiques qui lui empruntèrent cette vision des choses, firent, de leur côté, beaucoup de tort à la science.