Quel est le rôle joué par les relations interpersonnelles (RI) dans les relations interorganisationnelles (RIO) des PME ? C’est à l’étude de cette intéressante – et importante – question que nous convie l’ouvrage dirigé par Katherine Gundolf et Annabelle Jaouen (2008). L’intérêt pour les relations interorganisationnelles et leur pilotage est récurrent en sciences de gestion, que l’on s’intéresse aux relations interorganisationnelles (Forgues, Fréchet et Josserand, 2006), aux réseaux (Josserand, 2007 ; Voisin, Ben Mahmoud-Jouini et Edouard, 2004) ou aux stratégies collectives (Yami, 2006 ; Yami et Le Roy, 2006). De même, l’interrogation sur le rôle des réseaux sociaux a connu d’amples développements, de la mise en évidence de « la force des liens faibles » (Granovetter, 1973) jusqu’à l’accent sur le capital social et son importance (Adler et Kwon, 2002 ; Burt, 2005). Mais, qu’en est-il lorsqu’on cherche à saisir les relations entre organisations ? Les réseaux sociaux – et les relations interpersonnelles – influencent-ils le déclenchement, le développement et le contenu – voire la performance – des relations interorganisationnelles, ou bien s’effacent-ils devant la logique de fonctionnement – le pouvoir et la règle, oserait-on risquer – des organisations ? La question est d’importance. Elle l’est d’autant plus dans un contexte (la PME) où la proximité joue un rôle central (Torrès, 2003, 2004) du fait de l’effet grossissant lié à la taille de l’organisation (Mahé de Boislandelle, 1996). L’analyse sera donc d’autant plus convaincante. S’agissant d’un ouvrage collectif, qui regroupe en 322 pages une douzaine de chapitres, outre une introduction et conclusion par les directrices, le moindre de leurs mérites n’est pas d’être parvenues à éclairer les diverses facettes de cette thématique. En effet, on va pouvoir à la fois tirer parti de la conception d’un véritable ouvrage collectif – avec un projet éditorial clair et suivi – et des articles qui y prennent place. Ceux-ci contribuent au projet collectif, à la façon d’un tableau impressionniste, l’intérêt résidant : Conscients d’avoir « opté volontairement pour des études qualitatives, les auteurs ont choisi de privilégier l’analyse des processus, l’étude des relations en profondeur, la compréhension des situations et l’interprétation des discours » (Gundolf et Jaouen, p. 16). Ce choix permet de tirer de la lecture de chaque chapitre des connaissances nouvelles sur la thématique et/ou le cas. L’exploration du thème s’effectue à travers des parties structurées autour des relations dyadiques (entre deux entreprises), autour des relations multi-acteurs (partie 2) et une dernière partie qui s’intéresse aux relations entretenues par le créateur d’entreprise avec son accompagnant ou son environnement lorsqu’il est un lifestyle entrepreneur. Le fait que les articles reviennent – à partir d’entrées théoriques et/ou de cas différents – sur des questions proches nous conduit à préférer une recension structurée autour de l’articulation entre RI et RIO à une vision linéaire. Les relations interpersonnelles jouent un rôle important lorsqu’il s’agit de crédibiliser ou de légitimer les acteurs et ainsi d’instaurer la confiance. Tant l’origine que la dynamique ou le fonctionnement des relations interorganisationnelles sont alors impactés. Tout d’abord, les relations interpersonnelles peuvent jouer un rôle de catalyseur : les individus qui partagent des RI désirent travailler ensemble. Sur ce point, bien souvent, sont présentées des success stories, dans lesquelles les RIO s’inscrivent avec succès dans la suite de RI. Gomez-Vélasco (chapitre 12) souligne ainsi que certains lifestyle entrepreneurs – ces entrepreneurs qui sont plus poussés par une quête de satisfaction personnelle que de gain économique – construisent leur projet sur la base de RI, tandis que Jaouen (chapitre 3) nous montre, dans une intéressante étude de 20 opérations d’alliances entre TPE, la diversité des rôles possibles des RI dans …
Appendices
Bibliographie
- Adler, P.S. et S.Q. Kwon (2002), « Social capital : prospects for a new concept », Academy of Management Review, vol. 27, no 1, p. 17-40.
- Burt, R.S. (2005), Brokerage and Closure. An Introduction to Social Capital, Oxford, Oxford University Press.
- Forgues, B., M. Fréchet et E.Josserand (2006), « Relations interorganisationnelles : conceptualisation, résultats et voies de recherche », Revue française de gestion, no 164, p. 17-31.
- Friedberg, E. (1993), Le pouvoir et la règle : dynamiques de l’action organisée, Paris, Seuil.
- Granovetter, M. (1973), « The strength of weak ties », American Journal of Sociology, vol. 78, p. 1360-1380
- Josserand, E. (2007), « Le pilotage des réseaux. Fondements des capacités dynamiques de l’entreprise », Revue française de gestion, no 170, p. 95-102.
- Mahé de Boislandelle, H. (1996), « Effet de grossissement et management des ressources humaines en PME », IIIe Congrès international francophone PME (CIFPME), Trois-Rivières, Québec.
- Torrès, O. (2003), « Petitesse des entreprises et grossissement des effets de proximité », Revue française de gestion, vol. 144, p. 119-138.
- Torrès, O. (2004), Essai de théorisation de la gestion des PME : de la mondialisation à la proxémie, Mémoire d’habilitation à diriger des recherches en sciences de gestion, IAE de Caen, <http://www.oliviertorres.net/travaux/pdf/hdrtorres.pdf>.
- Voisin, C., S. Ben Mahmoud-Jouini et S. Edouard (dir.) (2004), Les réseaux : dimensions stratégiques et organisationnelles, Paris, Economica.
- Yami, S. (2006), « Les stratégies collectives à l’épreuve des faits », Revue française de gestion, vol. 167, p. 87-90.
- Yami, S. et F. Le Roy (2006), Les stratégies collectives : rivaliser et coopérer avec ses concurrents, Colombelles, Éditions EMS, 409 p.