Comptes rendus

Coordonné par Karim Messeghem, Marion Polge et Leïla, Entrepreneur et dynamiques territoriales. Mélanges en l’honneur de Colette Fourcade, Temri Cormelles le Royal, Éditions EMS Management & Société, 2009, 326 p.[Record]

  • Tinasoa Razafindrazaka

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  • Tinasoa Razafindrazaka
    Université du Québec à Trois-Rivières

Un récit éclairé, rehaussé de réalités empiriques se feuilletant à cadence harmonieuse, avec des phases d’ébauche saisissant l’esprit d’entreprise (l’entrepreneuriat), individualiste en ses prémisses, qui se métamorphose vers des humeurs communautaires (les stratégies collectives) ; avec une révélation de croquis entrepreneuriaux (les PME, les TPE et les entreprises artisanales), le tout se déroulant dans un scénario spatial (le territoire). C’est à ce tableau que ramène le décryptage de l’ouvrage édité en l’honneur de Colette Fourcade. L’ouvrage en question consiste en un collectif arborant une architecture académique couvrant trois champs de recherche : l’entrepreneur et PME, les territoires et les stratégies collectives. La première partie rassemble des contributions différenciées portant sur l’acteur (entrepreneur) et son aire d’action (entreprises de petite dimension). L’opportunité, le profit et la performance, trilogie du phénomène entrepreneurial, sont explorés en premier lieu. Ici, si les orientations obéissent à la diversité des angles d’approche, un certain consensus est perceptible : circonscrire les réflexions dans un contexte. Ainsi, l’opportunité s’apprécie en termes de temporalités. Le temps ex ante lié à sa gestation et le temps ex post relatif à son application. La recombinaison intelligente des informations éparses, notamment à travers le réseautage, atténue l’incertitude temporelle et les dysfonctionnements du marché ; ce qui faciliterait la conclusion heureuse d’une opportunité, même si l’aboutissement d’une opportunité est incertain par essence. Le succès de l’opportunité emporte du profit, celui-ci s’évaluant en fonction de la loupe empruntée pour la scruter. Et on découvre celle « proustienne » dans l’ouvrage. Les pérégrinations à travers la place de L’Argent dans le discours littéraire de Marcel Proust débouchent sur une double préoccupation récurrente de la recherche en entrepreneuriat : l’esprit d’entreprise et la complexité. Signalons que ce voyage longitudinal, au pays Proust, du début du xxe siècle procure un ravissement inouï pour un document à caractère scientifique. La promenade continue de plus belle dans la Belle Province de Québec pour mesurer la performance. Celle-ci « prend autant de sens que d’interlocuteurs qui en discutent ou de contextes dans lesquels elle est mesurée » (p. 52). En second lieu de la première partie, trois thématiques différentes par leur objet (les dirigeants de PME, la gouvernance d’entreprise en TPE et l’entreprise familiale) se rejoignent sur une conciliation : la systémique. Bien que le dirigeant soit central, pour peu qu’on arrive à un modèle de management de la PME (de nature systémique) axé sur lui, le changement de paradigme s’impose en compréhension des PME/TPE. Car d’autres parties prenantes sont à considérer. Donc, il y a intérêt à développer l’approche holistique. Cette rupture paradigmatique permet de dépasser l’approche en termes de traits. La grille typologique est insuffisante pour rendre compte du phénomène entrepreneurial, surtout quand celui-ci intègre d’autres variables telle la famille ; l’entreprise familiale n’est pas qu’une entreprise entrepreneuriale. Ainsi, elle est revisitée dans ses aspects conceptuel et opératoire. La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée au territoire. Concept théorique érigé en dispositif méthodologique, le territoire sera tour à tour économique, stratégique et proxémique. D’abord, il est fait référence aux modalités de développement économique se conjuguant par et sur les territoires. Sont restitués des enseignements à connotation financière, observés sur le territoire européen, notamment l’impact de la crise financière de 2008 sur les entreprises biélorusses et la mise en place de l’euro. Après, il est question des stratégies d’encastrement des PME/TPE sur le territoire : « Les entreprises s’insèrent dans des écosystèmes géographiquement localisés, historiquement datés et socialement structurés » (p. 148). À l’ère contemporaine, le développement durable fait partie de ces écosystèmes, qui conditionnent les enjeux stratégiques territoriaux des entreprises. Appréhendé dans sa dimension spatiale, ce développement …