Comptes rendus de lecture

Entrepreneuriat et innovation – Contextes et concept, Sophie BOUTILLIER, Bruxelles, Éditions Peter Lang, 2017[Record]

  • Leïla Temri

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  • Leïla Temri
    Maître de conférences HDR en sciences de gestion, Montpellier SupAgro

Cet ouvrage collectif, dirigé par Sophie Boutillier, est le 16e de la collection Business and Innovation chez Peter Lang. Il réunit douze textes, écrits par seize auteurs. Il a pour ambition de présenter « la diversité des formes entrepreneuriales dans l’économie contemporaine », ce qui est l’objet de la première partie de l’ouvrage, en lien avec le contexte, notamment le territoire (deuxième partie). L’ouvrage fait également référence aux modalités d’innovation. Cet état des lieux est le bienvenu, car de nouvelles formes d’entrepreneuriat sont apparues relativement récemment, et font l’objet de travaux et d’interrogations de plus en plus nombreux. Certaines de ces formes sont clairement reliées à l’innovation, pour d’autres, le lien est plus ténu. L’innovation n’y est pas forcément la finalité ou le fondement principal, mais ces entreprises peuvent être innovantes dans leur forme. De plus, l’entrepreneuriat, innovant ou non, est généralement relié à un contexte, notamment territorial, à travers différents dispositifs et formes d’organisation. Certains chapitres sont plutôt conceptuels ou théoriques, d’autres présentent des études de cas. Des contributions sont également consacrées au Sud. Enfin, les échelles macroéconomique, mésoéconomique, notamment territoriale, et enfin micro-économique, centrées sur l’entreprise, sont abordées. Le premier chapitre propose une réflexion sur les perspectives de la société entrepreneuriale et les relations salariat-entrepreneuriat. À cet effet, il présente une équation originale, « l’équation entrepreneuriale », en s’appuyant sur les grands économistes fondateurs de la théorie de l’entrepreneur tels que Cantillon, Say, Schumpeter, Hayek, Mises et Kirzner qui ont fait émerger trois caractéristiques fondamentales de l’entrepreneur : le risque, l’incertitude, et l’innovation. Il convient d’y ajouter le rôle des politiques publiques, qui, au cours de l’histoire, ont influencé l’activité entrepreneuriale en créant un cadre institutionnel adéquat. Pourtant, malgré des politiques actuellement très favorables, les mesures de l’activité entrepreneuriale ne montrent pas un regain de celle-ci. Le deuxième chapitre traite de l’organisation basée sur les connaissances. Un historique du concept est dressé. Il s’agit, selon l’auteur, d’un modèle organisationnel provenant de la notion d’apprentissage organisationnel, davantage relié aujourd’hui au knowledge management (management des connaissances). Fortement ancré au départ autour des informations et connaissances, plus particulièrement en termes de systèmes d’information et d’automatisation, il a toutefois laissé une place au thème de la connaissance organisationnelle, puis à celui du management des connaissances. Il s’appuie sur différentes formes de capital, plus particulièrement capital humain et capital social, le premier axé sur la compétence, le second sur la relation. Le troisième chapitre aborde la question de l’environnement de l’innovation, à travers le « modèle de la triple hélice » de Leydersdorff et Etzkowitz, qui lie les sphères : université, entreprise, administration en un système dynamique favorisant l’innovation. L’auteur envisage les modalités et conséquences de l’intégration de ce modèle dans un territoire afin d’en faire un « milieu innovateur ». Toutefois il s’avère que l’émergence d’un milieu innovateur à l’échelle territoriale n’implique pas obligatoirement la présence d’une « triple hélice », a fortiori d’une quadruple ou quintuple, si on ajoute l’hélice « société civile » ainsi que celle « développement durable ». Cela permet de souligner l’importance des politiques publiques d’innovation et de leur gouvernance locale. Le chapitre suivant consiste en une étude du cas d’une entreprise familiale, à travers une approche historique destinée à mettre en lueur les spécificités du comportement de ce type d’entreprise vis-à-vis de l’un des défis actuels, le développement durable. L’état de l’art en la matière montre des résultats contrastés, depuis la neutralité voire l’impact négatif du caractère familial dans la prise en considération du développement durable, jusqu’au rôle de l’implication de la famille et des perspectives de transmission. Le cas multigénérationnel étudié permet en outre …