Entreprendre et savoir s’entourer, Louis Jacques FILION, Les Éditions de l’Hommes, 2017

L’ouvrage que nous présente Louis Jacques Filion permet de comprendre et de mieux saisir, pour quiconque s’intéresse à l’entrepreneuriat, la grande diversité de situations et d’images que nous renvoient les différents modèles d’entrepreneurs que l’on essaie de nous projeter en insistant sur les caractéristiques parfois uniques de ces individus qui façonnent leur société. Or, ces individus, peu importe leur grandeur et leur talent, ont pu devenir ce qu’ils sont grâce à différentes personnes de leur entourage et à l’écosystème entrepreneurial qu’ils ont su mettre sur pied. L’auteur attire ainsi notre attention sur les parcours des entrepreneurs rencontrés, mais aussi comment ils ont façonné, à mesure que leur organisation franchissait les étapes de son développement et selon ses défis, leurs relations avec des collaborateurs clés qui deviendront au fil du temps des « facilitateurs ». On retrouve des « paroles d’entrepreneurs » recueillies sur de nombreuses années que Louis Jacques Filion aime mettre de l’avant pour montrer la diversité des perspectives faisant des entrepreneurs un groupe très hétérogène qu’il est difficile de caractériser en quelques mots. Il insiste toutefois sur le fait qu’être entrepreneur est un « métier qui s’apprend » et qui « implique la réflexion et l’apprentissage pour passer à l’action ». Les degrés de proactivité, de prise de risque, de capacité d’innovation sont toutefois variables comme il le souligne, et lorsqu’ils sont ajoutés au contexte familial dans lequel a vécu le futur entrepreneur et la composition de son capital social, on peut mieux apprécier la variété d’entrepreneurs existants. L’organisation du livre est efficace en le scindant en trois sections, chacune permettant de développer un volet particulier de l’entrepreneuriat, soit d’abord des « modèles » d’entrepreneurs impulseurs, suivie par des exemples de facilitateurs internes et à la fin, des situations qui mettent davantage de l’avant les ressources externes mobilisées et qui ont contribué au succès de l’entreprise. Progressivement, on apprend qui sont ces entrepreneurs chevronnés, en faisant état à la fois des succès et des échecs qu’ils ont connus. On voit ainsi les valeurs humaines de chacun d’entre eux et une certaine humilité reconnaissant qu’ils ne sont pas les seuls bâtisseurs de leur réussite ; la diversité de leurs parcours et les solutions qu’ils ont déployées pour faire progresser leur organisation. Si le hasard se trouve parfois sur leur chemin, il n’est certainement pas le facteur le plus déterminant de leur prospérité. On peut évidemment noter le professionnalisme dans leur décision où la réflexion et l’intuition font parfois bon ménage, la créativité et une orientation fortement axée sur l’innovation, mais aussi une attention particulière aux besoins de leurs clients et au bien-être de leurs employés. Dans la section suivante, on introduit dans le paysage de l’entrepreneur, différentes personnes qui agissent parfois dans l’ombre, parfois de façon très visible, dans le but évident de démystifier l’image de l’entrepreneur « héro » et solitaire. L’entrepreneuriat est un phénomène autant individuel que collectif, ce qui est bien illustré dans cette section de l’ouvrage. Louis Jacques Filion reprend ici des constats de sa thèse de doctorat sur le fait que les entrepreneurs qui vivent une forte croissance sont toujours entourés de collaborateurs recrutés minutieusement. Sans nécessairement avoir un contrat formel entre ces collaborateurs, qualifiés aussi de complices, et l’entreprise, ceux-ci comprennent la vision de l’entrepreneur et acceptent le rôle de facilitateur pour répondre à ses aspirations et l’aider à réaliser ses ambitions. La dernière section boucle sur ces facilitateurs externes à l’entreprise qui peuvent faire la différence entre la survie d’une PME et sa disparition, sur l’aisance avec laquelle elle franchira différentes étapes de son développement ou sur ses capacités à se relever …