Comptes rendus de lecture

Les recherches partenariales et collaboratives, Sous la direction d’Anne GILLET et de Diane-Gabrielle TREMBLAY, Presses de l’Université du Québec, 2017[Record]

  • Émilie Lanciano

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  • Émilie Lanciano
    MCF HDR Sciences de gestion, Université de Lyon-Saint-Étienne, Chercheure titulaire CoActiS

L’ouvrage collectif dirigé par Anne Gillet et Diane-Gabrielle Tremblay porte sur les recherches partenariales et collaboratives. Les seize contributions de l’ouvrage explorent les pratiques de recherche qui font entrer en interrelation des acteurs professionnels de la recherche et des acteurs praticiens non professionnels, sous différents angles et perspectives. Les auteur(e)s apportent ainsi des regards complémentaires sur les pratiques de recherches partenariales, à partir du point de vue des professionnels de la recherche qui pratiquent les recherches partenariales et collaboratives (RPC). Le développement et la pratique des recherches partenariales et collaboratives posent de nombreuses questions cruciales d’ordre épistémologique et méthodologique, mais également théorique, que l’ouvrage dans sa diversité entend traiter. Le grand mérite de l’ouvrage est en premier lieu de montrer la diversité des pratiques de recherches en collaboration avec les acteurs et les praticiens. La première partie de l’ouvrage s’attache ainsi à caractériser les différentes modalités de l’association entre action et recherche (chapitre 1) et le rôle des contextes institutionnels, sociaux et économiques qui façonnent la nature de ces relations en Suisse, en France et au Québec (chapitres 2, 3 et 4). Les recherches collaboratives et partenariales sont en effet appréhendées dans cet ouvrage sous des angles différents, en fonction des contextes institutionnels, des disciplines, mais aussi des courants théoriques. Considérées comme de véritables objets de recherche particulièrement riches et complexes, les recherches partenariales sont appréhendées comme des dispositifs d’action complexes entre des acteurs aux logiques d’action et aux temporalités bien différentes voire divergentes, donc comme des objets de recherche. Y. Bonny dans le premier chapitre dresse une typologie des formes de ces recherches autour de quatre catégories particulièrement utiles et stimulantes : la recherche collaborative, la recherche action-intervention, la recherche-intervention et la recherche action coopérative. Pour cela, l’auteur s’appuie sur des références et des expériences significatives de travaux et de recherches originales, comme en France et au Québec. Ces quatre formes de recherches participatives sont décrites en premier lieu en considérant particulièrement la nature de l’engagement du praticien dans la recherche : cochercheur dans la recherche action coopérative, prescripteur et bénéficiaire de la recherche, dans les recherches action collaborative ou intervention. D’autre part, ces recherches se distinguent par la place accordée à la dimension cognitive de l’activité scientifique. Le chercheur impliqué dans la relation à la pratique des acteurs intervient en sa qualité exclusive de producteur de connaissances, mais il peut également se muer en accompagnateur et formateur, car son travail de recherche permet de rendre explicite le savoir des praticiens incorporé dans l’action. Enfin, le chercheur peut s’intégrer au milieu qu’il appréhende en devenant à la fois le sujet et l’objet de ces recherches, les identités étant alors mêlées et difficilement dissociables. Enfin, l’auteur différencie bien la façon, dont les temps de la pratique et de la production de connaissances s’articulent. Ainsi, le chercheur peut s’immerger un temps dans le champ de la pratique, par intégration, et produisant des connaissances dans un temps distinct. Les activités de recherche et de pratique peuvent également être difficilement négociables. Plusieurs contributions mobilisent les concepts d’espaces hybrides (Fontan et al., 2013), mais également de communautés de pratique comme le montrent D.-G. Tremblay et J. Rochman notamment. Dans ces espaces ou communautés, les relations entre acteurs comme tout espace social sont traversées par des tensions et des rapports de force dans lequel le chercheur est amené à jouer différents rôles. Plusieurs chapitres développent alors des analyses fondées sur des approches théoriques différentes pour rendre compte de la nature des relations entre acteurs hétérogènes et considérer la place et le rôle du chercheur : analyse du travail de recherche dans le contexte suisse …

Appendices