Abstracts
Résumé
Le débat entourant la création de la Société nationale de l’amiante (SNA) en 1978, dernière intervention d’envergure dans le secteur des richesses naturelles à l’époque de la Révolution tranquille, s’inscrit dans un contexte particulier. Pourtant favorable au principe de démocratie participative qui transcende les grands processus d’audiences publiques mis sur pied depuis son élection, le gouvernement Lévesque se montre réticent à faire de même pour sa toute nouvelle politique de l’amiante, dont le projet de loi 70 mettant sur pied la SNA représente la principale pièce maîtresse. Pourquoi? L’objectif de cet article est d’analyser les débats politiques entourant le projet de création de la SNA et d’étudier la prise de parole citoyenne qui s’exprime lors du processus balisé d’audiences publiques en commission parlementaire. Si l’article montre une profonde division entre les responsables politiques du gouvernement Lévesque et ceux des partis d’Opposition, ces derniers employant même la tactique parlementaire de filibuster afin d’exprimer leur malaise devant le projet de nationalisation partielle de l’amiante, il souligne toutefois un relatif consensus auprès des groupes et organismes régionaux qui interviennent sur invitation à la Commission afin de donner leur appui partiel ou quasi-total au projet de loi. Ce faisant, l’article analyse le rôle joué par la prise de parole citoyenne dans le débat parlementaire sur la nationalisation de l’amiante, expliquant ainsi à quel point il a servi le gouvernement Lévesque dans son processus de prise de décision étatique.
Abstract
The debate surrounding the creation of the Société nationale de l’amiante (SNA) in 1978, the last major intervention in the natural resources sector at the time of the Quiet Revolution, took place in a particular context. While the Lévesque government was supportive of the principle of participatory democracy that transcended the large public hearings processes that had been in place since his election, it was reluctant to do the same for its all-new asbestos policy, which was the key component of Bill 70 that established the SNA. Why? The purpose of this article is to analyze the political debates surrounding the project to create the SNA and to study the opinion expressed by citizens during the process that was defined by public hearings before a parliamentary committee. If the article shows a deep division between the political leaders of the Lévesque government and those from the opposition parties, the latter even using the parliamentary tactic of filibuster to express their discomfort with the project of the partial nationalization of asbestos, it stresses, however, a relative consensus among the regional groups and bodies that intervened at the invitation of the Commission to give their limited or virtually unlimited support for the bill. In doing so, the article investigates the role played by citizens during the parliamentary debate on the nationalization of asbestos to explain how much it helped the Lévesque government in its state decision-making process.