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Cet ouvrage réunit deux séries de conférences données à Paris, l’une en 1971, l’autre en 1976-1977, par Jacques de Monléon (1901-1981), qui fut professeur à l’Institut Catholique de Paris et aussi, quatre mois par année à partir de 1934, professeur à la Faculté de philosophie de l’Université Laval, à Québec. Comme l’indique un de ses anciens élèves (Howard Hair) dans la préface, beaucoup de ceux qui ont eu le bonheur de l’écouter ont souhaité que les documents qui restent de son enseignement puissent être connus. Cette attente avait commencé à être comblée en 1984, par la publication de Marx et Aristote aux éditions FAC (voir ma recension dans le numéro de février 1987 du Laval théologique et philosophique). Personne et société poursuit dans la même veine, en donnant accès à un enseignement à la fois accessible et profond sur la personne et ses liens avec les diverses sociétés (familiale, économique et politique) dans lesquelles s’insère sa vie. Au fil de la lecture de ce livre, on découvre en son auteur un homme qui, comme le dit bien Howard Hair, « aimait questionner pour reprendre toujours les problèmes à la base en partant de notre expérience humaine ». Avec lui, on apprend « à écouter les grands penseurs », « à suivre modestement les maîtres, et en particulier Aristote ».

D’emblée, il s’agit pour Jacques de Monléon de revenir « à quelques questions communes et premières » : « Pourquoi l’homme vit-il en société et dans différentes formes de sociétés ? Pourquoi et à quel titre est-il un animal social et politique ? » Quiconque s’intéresse à ces questions cruciales pour l’avenir d’une humanité confrontée à toutes sortes de problèmes politiques, économiques et sociaux, trouvera dans Personne et société des pistes de réflexion des plus intéressantes. L’A. a le don de dégager avec clarté et profondeur les idées maîtresses contenues dans les premières lignes de la Politique d’Aristote, de faire ressortir leur pertinence toujours actuelle, tout en restant en dialogue avec notre façon moderne de concevoir et de regarder les choses humaines. Toutes les notions essentielles sont passées à la loupe : finalité, nature, faits, bonheur, personne, société, famille, économie, éducation, État, bien commun. La mise en relation de ces notions met en lumière des principes d’une grande sagesse susceptibles de guider la vie des substances individuelles de nature raisonnable que nous sommes. Quarante ans après avoir été prononcées, ces conférences n’ont pas pris une ride. On se prend à rêver que toutes les personnes vivant aujourd’hui sur la terre puissent s’insérer dans toutes les sociétés (famille, société économique et société politique) indispensables à leur épanouissement d’une manière aussi harmonieuse que le permettrait la mise en application des principes expliqués dans ce livre. Qu’on soit parent, acteur économique, citoyen ou politicien, on pourra tirer de cette lecture une aide et un encouragement à développer la sagesse et la vertu nécessaires à l’atteinte de cette noble fin et à mieux assumer sa nature d’animal social et politique.