Chronique

Littérature et histoire du christianisme ancien[Record]

  • Marie-Pierre Bussières,
  • Dominique Côté,
  • Lucian Dîncã,
  • Michael Kaler,
  • Louis Painchaud and
  • Jennifer Wees

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  • Ont collaboré à cette chronique
    Marie-Pierre Bussières
    en a assuré la rédaction

  • Dominique Côté

  • Lucian Dîncã

  • Michael Kaler

  • Louis Painchaud

  • Jennifer Wees

Les quatre études réunies dans ce livre veulent démontrer l’influence de l’hellénisme sur l’évolution du judaïsme au iie siècle avant Jésus-Christ. La démonstration s’effectue, exception faite de la quatrième étude qui porte sur 1 M 2, à partir du chapitre sept de Daniel. C’est la thèse, d’abord soutenue par Hermann Gunkel (1895), à savoir que les livres des Maccabées et le livre de Daniel auraient été écrits pour lutter contre la séduction ou la domination de l’hellénisme, sous le règne du roi séleucide Antiochos IV, que reprennent, pour mieux l’étayer, Keel et Staub (p. ix). Au premier chapitre, « Die Tiere und der Mensch in Daniel 7 », Othmar Keel met en relief la structure en chiasme de Daniel 2‑7 (p. 2‑3), les chapitres 4 et 5, qui relatent la transformation de Nabuchodonosor en bête et sa conversion, constituant le centre de la structure. La transformation du souverain s’explique, selon l’A., par l’opposition entre le règne animal (Herrschaft der Tiere) et le règne humain (Herrschaft des Menschen) qu’exprime clairement Daniel 7,4 (p. 28). Or, cette distinction entre l’homme et l’animal, selon laquelle l’homme seul possède la faculté de reconnaître la souveraineté divine, ne viendrait pas du Proche-Orient ancien, ni même de l’Égypte ou de l’Ancien Testament, mais de la philosophie grecque (Aristote et le stoïcisme). L’A. admet toutefois que l’influence de l’iconographie orientale (par ex. le lion ailé, voir les figures reproduites aux pages 11 et 12) a pu jouer un rôle indirect à travers l’influence d’Ézéchiel (p. 28). Le deuxième chapitre, « Das Tier mit den Hörnern. Ein Beitrag zu Dan 7, 7 f. », la seule contribution d’Urs Staub au volume, se consacre à l’une des quatre bêtes qui apparaissent dans le songe de Daniel au chapitre 7, l’étrange bête à cornes. On suppose que les quatre bêtes du songe représentent, suivant l’interprétation habituelle, quatre royaumes successifs, celui des Babyloniens (le lion), celui des Mèdes (l’ours), celui des Perses (le léopard) et celui des Macédoniens (la bête cornue) (p. 39). L’A. passe en revue les différentes interprétations du passage et de sa symbolique, qui s’appuient tantôt sur la mythologie babylonienne ou cananéenne et font de la quatrième bête, la bête sans nom (namenlose), une représentation du chaos, tantôt sur l’astrologie babylonienne ou le contexte purement vétérotestamentaire et renoncent à donner à la quatrième bête une signification concrète (p. 40‑46). La thèse de l’A. consiste justement à supposer que cette quatrième bête représente quelque chose de concret, un animal particulier. Il part de l’idée que les cornes constituent la principale caractéristique de la bête (p. 54). Elles pourraient indiquer, par leur nombre (10), la succession des rois séleucides, c’est du moins ce qu’ont tenté d’établir certains exégètes (p. 48‑53). La corne, de manière plus générale, pourrait aussi représenter le pouvoir hellénistique ; c’est ce que réussit à démontrer l’A. à l’aide d’arguments iconographiques et numismatiques (p. 54‑69). De manière plus spécifique, compte tenu de l’importance tactique et symbolique de l’éléphant aux yeux des souverains de l’époque hellénistique, les cornes de la quatrième bête pourraient bien faire référence à un éléphant de guerre (p. 77). Bien entendu, les défenses de l’éléphant ne sont pas à proprement parler des cornes. Mais comme tend à le montrer l’iconographie, les défenses semblent souvent avoir été prises pour des cornes (p. 79) ; citons à titre d’exemple ce portrait idéalisé d’Alexandre le Grand, coiffé d’une tête d’éléphant dont les défenses dressées ressemblent à des cornes (p. 57, fig. 3). Au chapitre trois, « Die kultischen Massnahmen Antiochus IV. Religionsverfolgung und/oder Reformversuch ? », Othmar Keel propose …

Appendices