Recensions

Françoise Mies, éd., Bible et sciences. Déchiffrer l’univers. Avec la collaboration de Pierre-Maurice Bogaert, François Euvé, Dominique Lambert, Jacques Trublet et Jacques Vermeylen. Namur, Presses Universitaires de Namur (coll. « Connaître et croire », 8) ; Bruxelles, Éditions Lessius (coll. « Le livre et le rouleau », 15), 2002, 199 p.[Record]

  • François Dion

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  • François Dion
    Université Laval, Québec

Quatrième d’une série d’ouvrages consacrés à la confrontation de la Bible avec une discipline du savoir, ce livre étudie la relation entre la Bible et la science. Les deux premiers articles (J. Trublet et J. Vermeylen) s’interrogent sur la présence de la science dans la Bible, alors que les trois autres (F. Euvé, D. Lambert et P.‑M. Bogaert) examinent la présence de la Bible dans la science. En général, l’intérêt de ces articles est indéniable, notamment et surtout parce qu’ils contribuent à éclairer la façon dont s’articulent ou devraient s’articuler les discours biblique et scientifique. Une seule réserve cependant : étant donné la nature de la problématique abordée dans l’ouvrage, soit la relation entre la Bible et la science, on se serait attendu à une participation plus importante d’auteurs scientifiques (D. Lambert est le seul du lot). Dans « La science dans la Bible. Méthode et résultats », J. Trublet recherche les linéaments d’une méthode scientifique dans la Bible (p. 12). La science est entendue dans le sens très large de mise en ordre des phénomènes, Trublet étant conscient que la science au sens strict n’est apparue qu’en Grèce grâce à la découverte de la démonstration (p. 49). Or, Trublet estime que plusieurs textes bibliques, notamment les textes sapientiaux, répondent à cette définition large de la science en tant qu’ils font montre d’une entreprise d’observation et de classification du réel. Cette entreprise est guidée par deux critères, soit l’analogie, par laquelle les éléments semblables sont rassemblés, et la causalité, par quoi on détermine que les mêmes causes produisent les mêmes effets (p. 42‑43). Ces deux critères s’inscrivent dans un « système ouvert » qui ne respecte pas le principe du tiers-exclu (p. 43). Par une telle méthode de classification, la taxinomie biblique ressemble à celle des civilisations environnantes, à savoir l’Égypte et la Mésopotamie. La démarche classificatoire de la Bible se démarque toutefois en ce qu’elle s’inscrit toujours « dans la perspective d’un Dieu créateur de l’ordre de l’univers » (p. 49). L’originalité de la « méthode scientifique » de la Bible est en effet de rejeter le pansacralisme, par lequel les éléments de l’univers sont eux-mêmes divinisés. Le Dieu biblique se manifeste bien plutôt dans l’ordre immanent des choses qu’il a créées, un ordre que l’homme peut lui-même découvrir par la connaissance scientifique. La foi supporte quant à elle la connaissance du monde, Dieu étant le « garant de la science » (p. 56). Comme son titre l’indique, l’essai « Les représentations du cosmos dans la Bible hébraïque », de J. Vermeylen, tente de retracer les représentations de l’univers proposées dans la Bible hébraïque. Vermeylen considère que la perception biblique de l’univers présente deux visages. Le premier visage est que certains passages cosmologiques de la Bible ont le même but que toutes les cosmologies du Proche-Orient ancien, soit « l’élucidation de l’ordre du monde » et la recherche « d’une conduite qui corresponde à cet ordre » (p. 63). Par sa hiérarchie cosmique des êtres du monde (Dieu, anges, hommes, animaux), le Psaume 8 exprime l’idéal d’une domination des animaux par l’homme qui serait à l’image de la domination divine des forces cosmiques hostiles (p. 84). Dans Isaïe 42,5‑7, l’ordre de la nature n’est « que la métaphore d’un ordre social et politique hiérarchisé » (p. 90). Enfin, Job 38,4‑7, tel qu’interprété par Vermeylen, présente le Temple de Jérusalem comme un « résumé ou un concentré » du cosmos (p. 90). L’autre visage de la perception biblique de l’univers montre un Dieu qui dérange l’ordre cosmique dans le but de punir l’homme (p. 98), par …