Recensions

Marie-Dominique Goutierre, L’homme face à sa mort. L’absurde ou le salut ? Saint-Maur, Éditions Parole et Silence, 2000, 152 p.[Record]

  • Nestor Turcotte

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  • Nestor Turcotte
    Matane, Québec

Le monde dans lequel nous vivons réclame, plus que jamais, un renouveau dans la recherche de la vérité et de la sagesse, une réflexion philosophique renouvelée. Il est facile de constater combien, aujourd’hui, tout est confondu, mêlé. C’est ainsi que l’A. s’exprime dans l’avant-propos de ce petit livre qui devrait se trouver sur tous les bureaux des professeurs de philosophie oeuvrant dans les collèges, tant au Québec que dans la francophonie planétaire. L’A. insiste, dès le départ, pour dire que son ouvrage est strictement philosophique. Il déplore qu’aujourd’hui beaucoup de chrétiens et de théologiens, délaissant la recherche de la vérité philosophique, ne s’appuient que sur la foi, en négligeant les grandes questions de l’homme, vite considérées comme obsolètes au regard de la Révélation. La philosophie et la foi sont deux regards distincts, mais non opposés. La philosophie ne cherche pas à convaincre, à prouver une opinion a priori dans une attitude apologétique, mais à découvrir la vérité. Le premier chapitre nous introduit aux deux grands problèmes de l’homme. Le premier est le sens de la vie. Le deuxième, qui lui est forcément lié, est celui de la croissance de la personne. Tout être humain, en ce sens, n’échappe pas au questionnement relié à ces deux grandes interrogations. Pourquoi l’homme doit-il mourir, et la mort est-elle l’anéantissement de la vie ou celle-ci s’ouvre-t-elle sur une autre vie ? Certains répondent par l’absurde. L’A., résolument, a choisi de répondre par la réflexion philosophique. Si certains, devant l’impuissance de la science à répondre à ces questions, se réfugient dans l’apparent confort d’un fidéisme en désaccord avec l’exigence de lumière de leur intelligence, l’A. propose une vraie sagesse philosophique, c’est-à-dire une connaissance humaine qui atteigne la vérité, sur des problèmes ultimes comme l’existence de Dieu, la Création de notre âme spirituelle, la destinée personnelle de l’homme au-delà de la mort. Saint Thomas d’Aquin parle dans sa langue des praeambula fidei. L’A. nous amène ensuite à réaliser que les sciences exactes ne peuvent pas répondre à toutes les questions de l’homme. Rivées au « comment », elles ne peuvent donner les réponses au « pourquoi ». La philosophie seule a l’intelligence parfaite de l’exercice et de la croissance humaine, car, elle seule peut nous donner l’intelligibilité du devenir, ce qui suppose la découverte de la fin. L’A. s’attarde ensuite, dans un chapitre magistral, au problème de l’âme et du corps. En passant du mythe à la philosophie, il met en opposition les deux principales conceptions de l’homme : celle de Platon et celle d’Aristote. Si, pour le premier, le corps est la prison de l’âme, pour le second, l’homme implique une unité substantielle d’être et de vie entre l’âme et le corps. L’âme et le corps ne sont pas deux réalités séparées, unies d’une façon accidentelle. L’imaginaire platonicien voit le corps comme un navire portant l’âme, dirigé de l’extérieur par celle-ci. La réalité est autre, selon Goutierre : le corps est porté, animé par l’âme, il est vivant par elle. L’âme, principe radical, cause de vie, est ce par quoi l’homme vivant est vivant. S’il y a une unité substantielle d’être et de vie entre l’âme et le corps, au-delà de la séparation que la mort réalise entre l’âme et le corps, il y a donc encore nécessairement, dans l’âme spirituelle elle-même, un lien mystérieux avec le corps et, dans le corps cadavérique, un certain lien avec l’âme. Dans cette lumière de la découverte de l’unité substantielle de l’âme et du corps, l’A. affirme, forcément, que la thèse de la réincarnation n’a aucun sens du strict point de vue philosophique. Parce qu’il y a …