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Ce petit livre entend présenter une synthèse de l’enseignement de Krishna d’après la Bhagavad-gita selon l’interprétation authentique qu’en a donnée Bhaktivedanta Swami Prabhoupad, le fondateur de l’Association Internationale pour la Conscience de Krishna, en particulier dans La Bhagavad-gita ‘telle qu’elle est’. Selon cette interprétation, Krishna est le véritable nom de Dieu et la proclamation de son enseignement dans la Bhagavad-gita daterait de plus de cinq mille ans. Cet enseignement est universel : il s’adresse « à l’humanité tout entière, sans aucune discrimination de race ou de confession » (p. 42). Il s’agit d’un enseignement spirituel, non pas au sens où Dieu serait un Esprit impersonnel omniprésent (le Brahman), ou une âme localisée dans le coeur des humains (le Paramatma), mais bien au sens d’un Dieu personnel possédant toutes les perfections (p. 37-38 ; 186-189). La tradition particulière dont il est ici question n’accepte en effet que cette troisième forme de spiritualisme, de niveau universitaire celui-là, est-il dit (p. 37), un spiritualisme qu’il ne faut surtout pas confondre avec les deux premières formes qui ne s’adressent qu’à de simples écoliers ou à des collégiens. Malgré l’opposition de « certains intellectuels mal informés » (p. 25), l’interprétation proposée par Prabhoupad est censée rallier maintenant une « foule de professeurs de sanskrit, de théologiens et de savants du monde entier » (p. 26). On devinera aisément que ce livre manie allégrement la rhétorique et tente d’imposer une certaine vision de la religion. Cela ne signifie pas qu’il est inintéressant. Les traductions de la Bhagavad-gita qu’on y trouve sont fiables, même si certaines adaptations à l’Occident ont de quoi surprendre (loka, qui signifie monde, est traduit ici par planète). Caitanya (1486-1533) avait renouvelé au Bengale la dévotion à Vishnou, qui finit par décliner à nouveau à la fin du 19e siècle. Il fallait un nouveau départ, qui déboucha à partir de 1966 sur une internationalisation du mouvement. Ce livre s’inscrit dans cet effort pour faire de Krishna un dieu universel. Ce n’est donc pas par hasard si, en plus de la Gita, on cite comme des autorités le Shrimad-Bhagavatam (c’est-à-dire le Bhâgavata-Purâna) et surtout le Bhakti-rasâmrita-sindhou de Rûpa-gosvâmin, un disciple de Caitanya (p. 49, 258), une oeuvre qui a été composée un peu avant 1541. Ce livre est très bien présenté, avec des nomenclatures et des encadrés (on en trouvera la liste en p. 278-279), des annexes, et constitue certainement un excellent choix pour celui ou celle qui voudrait s’initier à l’une des traditions hindoues les plus dynamiques aujourd’hui.