Recensions

Vasundharā Filliozat, Le Rāmāyaṇa. L’Épopée illustrée par les sculptures des temples de Hampi. Morceaux choisis et commentés par Vasundharā Filliozat. Paris, Éditions Agamāt, 2007, 272 p. et 16 pl.[Record]

  • André Couture

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  • André Couture
    Université Laval, Québec

Les livres en français portant sur le Rāmāyaṇa sont en train de se multiplier. On peut noter en particulier une traduction complète publiée sous la direction de Madeleine Biardeau par les Éditions Gallimard en 1999 (coll. « Bibliothèque de la Pléiade ») et un Râmâyana conté selon la tradition orale de Serge Demetrian chez Albin Michel (2006). Le présent livre réussit à se démarquer en abordant le Rāmāyaṇa à travers les représentations que l’on trouve à Hampi (le village auquel il faut accéder pour découvrir les ruines de Vijayanagara, l’ancienne capitale des derniers rois hindous du sud de l’Inde, de 1345 à 1565 environ), en particulier à travers les sculptures que l’on trouve dans le temple Hazara Rāma dont la construction a débuté avant 1416 (une inscription de cette date permet de le supposer). Mme Vasundharā Filliozat possède l’art de plonger le lecteur dans un monde complexe où la dévotion à Rāma s’exprime à la fois dans le culte, dans les récitations de grands textes, autant que dans les images de pierre et le théâtre. « Comme de nos jours, dans les temples, des brāhmanes spécialisés étaient autrefois chargés de réciter le Rāmāyaṇa lors de certaines fêtes, notamment le jour de l’anniversaire de Rāma. Parfois, il y avait aussi des représentations théâtrales. Au moins trois ou quatre adaptations du Rāmāyaṇa, en kanna-a et en telugu [des langues du sud], furent faites à l’époque de Vijayanagara. Ainsi on note que les sculpteurs des temples sont influencés par ce mouvement dévotionnel, par les récitations de l’épopée dans la langue originale ou dans les langues vernaculaires » (p. 9). Remarquons bien que, dans un tel contexte, il n’y a pas de « vraie version » ou de « seul texte authentique ». Ces artistes connaissent évidemment l’ancienne version sanskrite de Vālmīki et la récitent parfois, mais ils connaissent également les versions en langues locales avec d’innombrables variantes qui voyagent librement et résistent par-dessus tout à la tentation de se conformer à un modèle fixe. S’ils reprennent la version de Vālmīki, c’est à leur insu, tout simplement en laissant parler en eux la culture hindoue à laquelle ils participent inconsciemment. Sous une présentation attrayante, ce livre, qui mêle habilement les images aux textes, est en fait une introduction à la langue sanskrite, plus précisément la suite des Éléments de grammaire sanskrite, publié en 1998 et réédité en 2002 et en 2007. On y trouve de courts extraits du Rāmāyaṇa choisis en fonction des scènes illustrées sur les temples, une traduction avec commentaire grammatical, ainsi que des notes qui permettent au lecteur d’entrer dans cette culture, de comprendre les allusions rituelles, de se rendre compte des variantes multiples de l’histoire. Le livre se termine par un bref glossaire (p. 267-268), une bibliographie (p. 269) et la liste des références aux morceaux du Rāmāyaṇa qui ont été retenus (p. 270).