Recensions

Peter Neuner, Théologie oecuménique. La quête de l’unité des Églises chrétiennes. Traduction par Joseph Hoffmann. Paris, Les Éditions du Cerf (coll. « Initiations »), 2005, 513 p.[Record]

  • Gilles Routhier

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  • Gilles Routhier
    Université Laval, Québec

Les dernières années ont vu fleurir divers projets de théologie oecuménique, dont les premières réalisations remontent aux années 1940. Parmi les essais les plus marquants, je retiens ces titres dans diverses langues occidentales et de diverses confessions : G.R. Evans, Method in Ecumenical Theology : The Lessons so far (1996) ; P. Evdokimov, « Notes préliminaires pour une théologie oecuménique » (1947) ; R. Hoeckman, Unité de l’Église-unité du monde. Essai d’une théologie oecuménique de la mission (1974) ; P. Lengsfeld, Ökumenische Theologie : ein Arbeitsbuch (1980) ; B. Sesboüé, Pour une théologie oecuménique : Église et sacrements, eucharistie et ministères, la Vierge Marie (1990) ; G. Tavard, The Church, Community of Salvation : An Ecumenical Ecclesiology (1992) ; G. Thils, La « Théologie oecuménique » : notion, formes, démarches (1960) ; J. Vercruysse, Introduzione alla teologia ecumenica (1992). La considération de cet ensemble nous permet de mieux appréhender la notion de « théologie oecuménique » et d’apprécier, sur cet horizon, l’ouvrage de Peter Neuner. Comme c’est souvent le cas, on met sous le titre « théologie oecuménique » un certain nombre de réflexions sur l’oecuménisme, mais cela ne constitue pas encore, à mon sens, une véritable théologie oecuménique. L’intéressant ouvrage de Neuner, qui comporte cinq chapitres, ne constitue réellement un essai de théologie oecuménique que dans sa dernière partie (« Problèmes théologiques principaux », qui occupe tout de même 150 pages) où il affronte, dans une perspective oecuménique et suivant une démarche et une méthode proprement oecuméniques et en engrangeant les résultats des divers dialogues oecuméniques, des questions théologiques abondamment traitées ailleurs suivant une perspective confessionnelle. Autrement, l’ouvrage traite de l’oecuménisme et le fait de manière compétente et rigoureuse. Le premier chapitre, le plus bref, discute du concept d’oecuménisme et en retrace l’histoire, en plus de fonder la nécessité et l’urgence du travail oecuménique. Le deuxième chapitre retrace une histoire du mouvement oecuménique depuis Édimbourg (1910) jusqu’à Harare (1998). Cette histoire se limite à l’oecuménisme pratiqué dans le cadre du Conseil oecuménique des Églises : ses origines, sa mise sur pied et ses diverses assemblées. Ce n’est qu’au chapitre suivant que l’histoire de l’oecuménisme est envisagée à partir des contributions des diverses Églises chrétiennes et des dialogues bilatéraux ou multilatéraux qu’elles entretiennent entre elles. Cette section est construite de manière étonnante. D’une part, la partie réservée à l’Église catholique fait 70 pages alors que celle qui revient aux Églises orthodoxes fait moins de 30 pages, celle consacrée aux Églises de la Réforme moins de 40 pages (pour couvrir l’Église luthérienne, les Églises de la Réforme et l’anglicanisme). La difficulté n’en est pas seulement une de proportion. Toutes les sections sont construites de manière semblable (la naissance de ces Églises « séparées » et un bref développement sur leur engagement oecuménique), sauf celle consacrée à l’Église catholique, qui examine sa position relative à l’oecuménisme depuis le xixe siècle avant de développer longuement les relations bilatérales ou multilatérales qu’elle entretient avec les autres Églises. On observe également que l’on fait état des dialogues entre l’Église catholique et les autres Églises seulement dans la section sur l’engagement oecuménique de l’Église catholique et non dans la section où l’on s’intéressait à l’engagement oecuménique des autres Églises. Cela dit, cette section est bien documentée, l’exposé bien conduit, précis et clair. L’ensemble est solide, même si l’on passe vite, parfois, sur certains dialogues, notamment le dialogue anglican-orthodoxe qui aurait mérité plus que quelques lignes en raison de son importance. Déjà l’on sent — et cela se confirmera par la suite — que l’on privilégie les relations …