Recensions

Gilles Routhier, Penser l’avenir de l’Église. Montréal, Éditions Fides, 2008, 155 p.[Record]

  • Alain Patrick David

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  • Alain Patrick David
    Université Laval, Québec

Depuis la tenue du Concile Vatican II et plus de quarante années après sa clôture, la réflexion sur l’Église et l’expérience chrétienne demeure une question ouverte et très largement débattue. La crise de la vie ecclésiale dans les sociétés occidentales postmodernes impose analyses, réflexions et remèdes pour venir en aide à l’institution en souffrance. Sans nul doute un phénomène qui ne concerne pas que l’Église. En s’invitant dans le débat, l’auteur — théologien, chercheur chevronné et passionné de Vatican II, son herméneutique et sa réception — propose pour revitaliser l’Église d’envisager son avenir sous la forme du « défi de la transmission ». En d’autres termes, il s’agit de passer le relais de l’héritage ecclésial, s’entend doctrine, rite, culte, structures de gouvernement, etc., à une génération nouvelle qui est appelée non seulement à l’accueillir, l’assimiler et le recevoir comme « son bien propre » (p. 11), mais aussi à lui garantir toute sa richesse, sa vigueur et son actualité pour aujourd’hui. La mission évangélisatrice de l’Église se pose dorénavant en termes de réception avec tous les défis et les enjeux pour inculturer le christianisme dans les aires culturelles nouvelles. Structurant sa réflexion sur l’Église et l’expérience de la foi chrétienne au Concile Vatican II, et à partir de sources documentées diversifiées (p. 147-155), dans une première démarche l’auteur imagine aujourd’hui l’Église de demain ; et dans la seconde, il poursuit sa réflexion sur « les défis de l’Église du Québec » qu’il appelle vivement à devenir une « communauté qui enfante des croyants et une Église citoyenne ». Telles sont les deux grandes parties du livre. Dans la première partie (p. 13-92), il est surtout question de l’Église et de son avenir. Penser l’avenir de l’Église, c’est s’inscrire dans la dynamique même de Vatican II, c’est épouser son style, sa méthode, son mode de communication et continuer d’annoncer la même et unique vérité de salut, Jésus-Christ, dans une forme d’expression qui tienne compte des richesses et des spécificités de chaque peuple, de tout destinataire à qui est adressée la Bonne Nouvelle. Imaginer l’avenir de l’Église implique de renouveler l’expression de la foi et l’expérience de la pratique chrétienne et ecclésiale en se rappelant que la vocation unique et universelle de l’Église est l’annonce du message du salut et le témoignage du service de la charité. Au Concile Vatican II, l’Église, tout en prenant conscience du caractère pastoral constitutif de sa nature, a redécouvert sa vocation de « servante de l’humanité ». Sa doctrine et son enseignement vont donc connaître des réajustements. Il devient désormais difficile de penser le message de l’Église à partir seulement d’une dimension verticale (Révélation, le dépôt de la foi), sans prendre en compte la dimension horizontale, à savoir les appels, les besoins et les situations de l’institution de l’Église elle-même, et ceux des autres confessions religieuses et du monde. De fait, il est question de relever le défi de dire pour aujourd’hui Dieu et son message en tenant compte des cultures diverses et plurielles ; de vivre le défi de la catholicité dans la communion ; de trouver une expression de la foi et de la vie qui répond aux attentes du monde présent ; de repenser l’Église tant dans son organisation, ses institutions, sa théologie, sa liturgie, sa pastorale, sa spiritualité, son droit, de façon à ce qu’elle se sente chez elle, qu’elle trouve un terrain propre dans chaque aire culturelle (p. 13-42). Un des enjeux de l’avenir de l’Église se pose en termes d’herméneutique des textes de Vatican II, un exercice « à la fois prometteur et risqué » comme l’a souligné Gilles Routhier …