Fadi Hindi, L’identité des maronites et leur rôle dans l’établissement du Liban moderne selon Youakim Moubarak. Beyrouth, Centre de Recherches et de Publications de l’Orient-Chrétien, Université Saint-Joseph (CERPOC-USJ) (coll. « Études du Proche-Orient Chrétien », 2), 2016, 380 p.

Issu d’une thèse doctorale soutenue à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, ce livre propose une intelligibilité de l’histoire et de l’identité des maronites et de leur rôle dans l’établissement du Liban moderne selon Youakim Moubarak, prêtre, professeur et chercheur contemporain attributaire qui s’est distingué dans le domaine du dialogue islamo-chrétien et oecuménique, de la cause palestinienne et libanaise et de l’unité antiochienne. Cet ouvrage est une contribution importante à la recherche sur les chrétiens du Proche-Orient. Après une préface de Salim Daccache (s.j.), ce livre s’ouvre sur une introduction qui résume le portrait et les compétences de Youakim Moubarak et qui expose les limites, la problématique et la méthodologie du livre. Suivent vingt et un chapitres divisés en trois parties. La première partie est intitulée « L’identité des maronites et l’établissement du Liban moderne selon Moubarak ». Elle présente les grandes articulations historiques de l’identité des maronites : leur identité ecclésiale dans leurs relations avec Rome et avec la France, leur identité culturelle et leur enracinement antiochien syriaque, leur identité nationale dans le rapport à la terre et la relation aux musulmans, leur identité spirituelle d’inspiration anachorétique dans le cadre de l’Orient « syriani », la « maronité » temporelle et sa mission dans un projet communautaire. Une conclusion montre, d’une part, l’originalité de l’approche de Moubarak du rôle ouvert aux maronites au niveau culturel, politique et oecuménique, et leur contribution « à la naissance du Liban pluriel, modèle de convivialité islamo-chrétienne pour la région et le monde » (p. 135), et offre, d’autre part, une perspective critique sur l’approche de Moubarak, qui se situe plutôt la lignée des penseurs traditionalistes. La deuxième partie, « Le Liban des maronites confronté à l’État d’Israël et à la question palestinienne », fait un état des lieux du problème libano-palestinien résultant de la création de l’État juif, de la position de l’Occident face à ce problème, du rôle des musulmans et des chrétiens d’Orient, des maronites et de la présence palestinienne au Liban, des politiques de la France et de Rome en plus des influences américaines et syriennes, de la guerre au Liban et de la solution à la crise libanaise, et finalement de la vision de Moubarak pour la solution du problème libano-palestinien, qui se résume en trois mots-clés : oecuménisme, arabité et laïcité. La convivialité libanaise pourrait ainsi devenir un prototype pour la situation palestinienne. La dernière partie, « L’identité maronite revisitée comme pont pour le Liban de demain selon Moubarak », traite de la crise qui a ébranlé l’identité maronite à l’issue de la guerre libanaise. Ces agitations se situent aux niveaux national, culturel et religieux, spirituel et ecclésial, et présentent un cadre pour un Concile maronite qui viserait à réformer l’Église maronite en inaugurant son passage du statut d’une confession à celui d’une Église en vue d’une réforme du Liban. L’analyse formule ensuite des propositions pour cette réforme aux niveaux national, spirituel, culturel et socio-économique, aux niveaux de la diaspora et de la restructuration du patriarcat maronite. Une conclusion vient résumer la réforme selon Moubarak et sa déception du déroulement des événements et essaie d’y apporter une approche critique étoffée. La conclusion générale ouvre des horizons vers un Liban « de troisième type » fondé sur le passage du droit des confessions aux droits de l’homme, une nécessité pour le monde arabe et un espoir pour la Palestine. Un épilogue souligne comment Moubarak incarne, dans sa personne et dans ses oeuvres, l’identité maronite qu’il revendiquait. L’ouvrage présente une analyse minutieuse de la pensée complexe de Moubarak sur des questions pertinentes toujours ouvertes dans l’aire libanaise et régionale. Il faut féliciter …