Recensions

Xavier Morales, Dieu en personnes. Paris, Les Éditions du Cerf (coll. « Cogitatio Fidei », 297), 2015, 208 p.[Record]

  • Romaric Stanislas Ebarra Etou

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  • Romaric Stanislas Ebarra Etou
    Université Laval, Québec

Xavier Morales est un ancien élève de l’École Normale Supérieure. Il est patrologue de formation. Il a publié, en 2006, La théologie trinitaire d’Athanase d’Alexandrie (Paris, Institut d’Études Augustiniennes [coll. « Études Augustiniennes », série « Antiquité », 180]). Le présent ouvrage de Xavier Morales, Dieu en personnes, a une importance capitale du point de vue de sa thématique. L’auteur examine avec une grande précision conceptuelle, terminologique et théologique la notion de personne attribuée au Fils (Jésus), ainsi que son usage analogue aux deux autres personnes de la trinité, en l’occurrence le Père et l’Esprit. Au début de son livre, il expose de façon succincte, mais fragmentaire, l’historicité de la notion de « personne » qui constituera le leitmotiv de son analyse ultérieure. Dans son introduction, il expose de façon rapide les points de vue de quelques théologiens et contemporains qui ont traité la notion de personne dans leurs travaux respectifs. Il s’agit de Karl Barth (p. 12-13), Karl Rahner (p. 13-16) et Hans Urs von Balthasar (p. 16-19). Pour Barth, la notion de personne est intrinsèquement liée à l’essence exclusive de Dieu et non aux trois personnes de la trinité. Karl Rahner s’inscrit également dans la logique barthienne, celle qui consiste à suspecter et soupçonner la notion de « personne », susceptible de favoriser « une sorte de tri-théisme vulgaire » (p. 13). L’approche de la notion de « personne » chez Hans Urs von Balthasar est à situer aux antipodes de celles de Barth et Rahner. Parce qu’il estime qu’il est moins opportun et légitime de « réduire le concept à la signification stricte, en quelque sorte archaïsante, qu’il serait censé avoir dans le dogme trinitaire, mais de donner sa chance au concept moderne de personne et d’en exploiter l’évolution sémantique en théologie trinitaire » (p. 16). Ainsi, Balthasar évite la question complexe, qui préoccupa Barth et Rahner, de l’authenticité en théologie de la notion de « personne » d’origine philosophique. Pour Morales, l’approche balthasarienne de la notion de « personne » a effectivement favorisé un déplacement paradigmatique important. Parce qu’il « inverse le sens de la transposition analogique du concept : non plus de la définition commune à son application à Dieu, mais du cas particulier et déterminatif du Christ à son application aux créatures par analogie fondée sur une participation à la mission du Christ » (p. 17-18). Toutefois, pour Balthasar, la notion de « personne » renvoie à la relation et à la distinction (p. 21). Ici apparaît l’une des notions fondatrices de l’ouvrage, la bipolarité du concept de personne. C’est à partir de l’expérience et de l’exigence logico-théologique de Balthasar, consistant à définir la notion de « personne » en parfaite osmose et adéquation avec celle de la mission dans sa christologie, que Morales oriente le projet de la présente étude. Ainsi donc, en partant de la christologie balthasarienne, Morales s’engage à « présenter une analogie qui permette de préserver la bipolarité du concept de personne » (p. 29). Dans les trois chapitres de son livre, il réhabilite la notion de personne avec les notions suivantes : mission, trinité immanente et personne. Par là, il réalise un véritable travail de réhabilitation pour que le concept de personne ne soit plus à la merci des critiques et interprétations erronées. C’est ainsi qu’il pense réhabiliter le concept de personne contre toutes les critiques qui l’ont remis en cause au cours du xxe siècle. L’auteur justifie de cette manière l’évolution sémantique récente de la notion de personne, tout en montrant que « cette reconquête consiste concrètement à lui redonner toute sa dimension relationnelle » (p. …