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Ce livre examine de près la vision sacramentelle d’Augustin pour distiller le statut de la politique dans la Cité de Dieu, qui en réalité est une tentative de prôner la vertu d’humilité aux orgueilleux. Augustin nous montre la laideur de la dynamique de la ville terrestre d’une manière qui nous rend complices de ses schémas de comportement même lorsque nous essayons de leur échapper nous-mêmes. Son but est de nous faire comprendre que nous avons besoin du Médiateur pour nous faire voir que nous avons toujours interprété la cité de Dieu à travers les yeux de la cité terrestre ; une communauté liée par son amour pour un objet commun, au lieu de l’amour de Dieu pour l’humanité dans lequel tous les humains reçoivent et grandissent. Pour Augustin, le monde a toujours été bercé par l’amour de Dieu et nous l’avons oublié.

Augustin voudrait que nous voyions la politique sous un jour nouveau, qui nous permette de voir l’artificialité d’un monde d’autosuffisance ; un royaume auto-constitué qui nie sa place dans l’univers de Dieu. La ville terrestre convoite ce monde comme s’il était le sien, et Augustin voudrait que nous soyons détachés d’une perspective immanente. Ce faisant, Augustin nous montre que la cité terrestre masque le fait que la vie politique a un but naturel ; cet objectif étant un lien de service. À moins que nous ne permettions à Dieu de nous le montrer, nous ne pouvons pas voir dans quelle mesure la politique s’est déroulée dans la ville terrestre. Il nous donne des raisons de nous prémunir contre les faux espoirs et les présomptions en soulignant que nous n’avons d’autre choix que de participer à la cité terrestre puisqu’elle sera avec nous jusqu’à la fin des temps. En introduisant humanitas dans notre monde, une voie à suivre est ouverte, nous libérant des cycles de comportement dictés par la ville terrestre. Nos propres bonnes intentions ne suffiront pas à y parvenir. Cela exigera un service fondé sur la rencontre permanente avec le Christ dans la vie de l’Église.

Ogle soutient que contrairement à la notion traditionnelle selon laquelle la Cité de Dieu offre une vision pessimiste, offrant de libérer ses lecteurs de l’attachement mondain inapproprié, le but d’Augustin est de nous aider à voir la création, à voir la politique à nouveau. Il ne nous indique pas un avenir idéalisé où la politique terrestre sera libérée des contraintes de la vanité. Au lieu de cela, il nous montre que le monde est blessé et a besoin d’une guérison perpétuelle, démasquant ainsi les revendications illégitimes de la ville terrestre. La Cité de Dieu nous oblige à voir rationnellement au-delà des pièges de la ville terrestre et au mieux de nos capacités, à guérir nos communautés dans le moment présent. Ogle soutient que l’enseignement politique d’Augustin ne peut être réduit à une exhortation classique à la bonne citoyenneté parce qu’il n’est pas idéaliste, institutionnel, proto-moderne ou réaliste — c’est sacramentel. Augustin ne nous demande pas d’abandonner le monde, il nous exalte plutôt de travailler pour une paix terrestre, réalisée en amor Dei, nous offrant ainsi une fondation à partir de laquelle nous pouvons parvenir à une paix terrestre appropriée, centrée sur les besoins des êtres humains.

Ce livre est un ajout bienvenu aux études augustiniennes. Il est très bien documenté et il offre une nouvelle perspective à la Cité de Dieu.