Recensions

Mark Harris, Hilary Marlow, dir., The Oxford Handbook of the Bible and Ecology. New York, Oxford University Press, 2022, xiv-478 p.[Record]

  • Sébastien Doane

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  • Sébastien Doane
    Université Laval, Québec

Ce collectif de 30 articles suit la tradition de la collection « Oxford Handbook » en proposant un large éventail de portes d’entrée sur un sujet particulier. Ne pouvant décrire chacun des chapitres, je vais présenter quelques exemples représentatifs des quatre grandes sections du volume. Dans l’ensemble, il s’agit d’une contribution significative à l’intersection des enjeux environnementaux et des études bibliques, un domaine relativement récent. La première partie du livre est consacré aux enjeux méthodologiques. David Horrell, figure phare de l’important Exeter project, délimite trois dimensions importantes d’une herméneutique écologique (p. 30) : 1) L’étude historique et exégétique des textes bibliques, en soulignant la différence entre nos présupposés culturels et ceux de l’Antiquité ; 2) un engagement théologique avec la tradition chrétienne ; 3) un engagement avec la science contemporaine et les divers domaines d’études. Sur le plan méthodologique, l’ensemble du volume négocie le gouffre historique entre notre époque et les temps bibliques par une démarche herméneutique nuancée. Pour répondre au premier aspect explicité par Horrell, les méthodes historico-critiques sont largement utilisées dans ce volume, bien qu’on retrouve aussi de la place pour des cadres théoriques centrés sur le lecteur ou les contextes de lecture. Cette option permet de bien distinguer les conceptions bibliques et contemporaines. Le deuxième point de Horrell est aussi très présent dans les contributions qui se situent souvent explicitement dans une réflexion ecclésiale qui tente de fonder une théologie doctrinale ou pratique à partir de l’étude des textes bibliques. Ainsi certaines contributions pourraient être catégorisées comme écothéologie protestante. Notons qu’il y a aussi une place accordée à un discours interne au judaïsme dans le chapitre sur l’écothéologie juive écrit par Julia Watts Belser. Horrell précise l’importance de son troisième point : « Ecological hermeneutics cannot flourish except as an interdisciplinary disciplinary endeavor, in which ongoing dialogue across the boundaries of disciplinary specialism is essential » (p. 30). Or, ce volume propose peu de place aux regards interdisciplinaires vers la philosophie environnementale, l’éthique ou les études animales. En revanche, la section méthodologique du volume propose une herméneutique écologique et féministe par Anne Elvey et une herméneutique écologique et le postcolonialisme de Madipoane Masenya. La juxtaposition de ces chapitres souligne l’importance de l’intersectionnalité dans l’avenir de l’herméneutique écologique qui doit analyser les multiples formes d’oppression interreliées qui affectent les femmes, les peuples autochtones, les animaux et la terre. Conçue comme une praxis féministe et décoloniale, l’herméneutique écologique devient une praxis de justice et de changement plutôt qu’une réflexion rationnelle. La deuxième section du volume porte sur des études de livres ou groupe de livres bibliques : Genèse (Théodore Hiebert), Lévitique (Déborah Rooke), Deutéronome (Raymond Person), Isaïe (Hilary Marlow), Jérémie (Emily Colgan), les douze prophètes (Laurie Braaten), Psaumes (William Brown), Job (Kathryn Schifferdecker), le Cantique des cantiques (Ellen Bernstein), les synoptiques (Mark Harris), Jean (Susan Miller), les lettres de Paul (Vicky Balabanski) et l’Apocalypse (Micah Kiel). Cet ensemble, bien que non exhaustif, permet un regard panoramique qui montre des résonances entre les textes bibliques. Par exemple, les perspectives évoquées dans le texte de la Genèse reviennent dans plusieurs des autres corpus. Cette section ouvre aussi vers l’étude de textes moins centraux. Si l’histoire de l’interprétation a donné une place primordiale à l’invitation faite aux humains de dominer la terre et de soumettre poissons, animaux et bêtes en Gn 1,28, plusieurs autres textes et perspectives bibliques peuvent engendrer d’autres rapports entre les humains et le reste de la création. Le chapitre d’Hilary Marlow sur le livre d’Isaïe part de la perspective d’un « triangle écologique » des interrelations entre Dieu, les humains et la création non humaine. Alors que …

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