Recension

Veuthey, C., Marcoux, G. & Grange, T. (dir.) (2016). L’école première en question : analyses et réflexions à partir des pratiques d’évaluation, coll. Ouvertures pédagogiques. Louvain-la-Neuve, Belgique : Éd. EME[Record]

  • Sarah Landry

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  • Sarah Landry
    Université de Montréal

L’entrée de l’enfant dans le monde préscolaire, aussi nommé l’école première ou la classe de maternelle, constitue une étape charnière de sa vie, tant à l’école qu’en société. Bien que, d’emblée, les différents intervenants soient soucieux de favoriser l’adaptation de l’enfant et de diminuer les inégalités sociales, il n’est pas simple de s’entendre sur les moyens requis pour y parvenir. Nombre de questions demeurent concernant ce que devraient être le monde préscolaire pour l’enfant ainsi que les choix idéaux pour le préparer à l’école et à la vie. Publié en 2016 et dirigé par Veuthey, Marcoux et Grange, l’ouvrage L’école première en question : analyses et réflexions à partir des pratiques d’évaluation contribue à enrichir cette réflexion sur la mission de l’école première en offrant aux lecteurs un regard sur quatre systèmes éducatifs provenant d’autant de pays d’Europe. L’ouvrage est ainsi divisé en quatre parties, qui correspondent à chacun de ces pays sur lesquels la réflexion de l’entrée de l’enfant à l’école est portée : la Belgique francophone, la France, l’Italie et la Suisse romande. Parmi les réflexions soulevées, les différents experts remettent en question la pertinence d’abaisser l’âge de la scolarité obligatoire, les apprentissages fondamentaux nécessaires à la réussite, les modes d’enseignement les plus pertinents et, bien entendu, l’évaluation à l’éducation préscolaire (c.-à-d. les outils et les buts). Par les neuf chapitres de l’ouvrage, le lecteur parcourt les écrits de divers experts, ce qui lui permet d’entamer ou de poursuivre une réflexion sur les tensions et sur les enjeux actuels de cette école première. Dans la première partie, les auteurs des chapitres 1 et 2 dressent un portrait du système scolaire français, qui offre aux enfants le cours préparatoire (CP). Ce dernier, constitué de trois années d’école maternelle non obligatoires, est fréquenté par la majorité des enfants. Le premier chapitre, L’évaluation à/de l’école maternelle en France, présenté par Garnier et Blanchouin, porte sur l’évaluation dans un processus de scolarisation, avec pour toile de fond l’historique de l’école maternelle en France depuis les années 1970. Les auteures définissent en quoi consiste la scolarisation en précisant l’enjeu principal de celle-ci : réduire les inégalités. En effet, elles mentionnent que l’école maternelle y représente un « levier de démocratisation de l’enseignement » qui permettrait à la fois de prendre part à la réussite scolaire ultérieure, tout en diminuant les inégalités sociales. Ces attentes envers l’école maternelle mèneront progressivement les intervenants à modifier les outils servant à l’évaluation des enfants, de manière à mettre davantage l’accent sur les connaissances et les compétences acquises, plutôt que sur le bien-être et le développement global, qui semblent, à présent, relégués au second plan. Les auteures rapportent également le point de vue des parents sur l’évaluation de leur enfant durant le cours préparatoire (CP), qui, rappelons-le, accueille les enfants dès 3 ans. Ceux-ci se montrent étonnés du caractère « scolaire » de l’école maternelle et s’inquiètent des répercussions d’une évaluation hâtive sur le cheminement scolaire ultérieur de leur enfant. Alors que l’école maternelle devrait servir de moment de transition entre la maison et l’école, elle devient plutôt « une petite école en elle-même », qui risque de catégoriser trop rapidement les enfants. Au chapitre 2, L’évaluation dans les écoles maternelles françaises : quelles cohérences pour quels effets ?, Joigneaux s’attarde aux nouveaux programmes de l’école maternelle en place depuis 2015. Ceux-ci encouragent un retour aux sources concernant les fondements de l’école première, à savoir la valorisation de l’enfant et de son développement par les jeux et par les activités artistiques ou physiques. L’auteur fait état des deux modèles d’évaluation qui y sont présents. D’un côté, …