Vandaele, J. (dir.) (1999) : Translation and the (Re)Location of Meaning. Selected Papers of the CETRA Research Seminars in Translation Studies 1994-1996. CETRA Publications no 4, The Leuven Research Centre for Translation, Communication and Cultures, University of Leuven, Leuven, 449 p.[Record]

  • Sylvie Vandaele

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  • Sylvie Vandaele
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Appuyant une vision de la traduction comme le lieu de l’interdisciplinarité par excellence et refusant d’emblée une forme d’élitisme académique qui exclurait certains sujets, Jeroen Vandaele a dirigé un recueil d’articles émanant des séminaires du CETRA entre 1994 et 1996 et traitant de thèmes variés : journalisme, documentaires, films, sociolectes, littérature enfantine, etc., conjointement avec des thématiques généralement perçues comme plus prestigieuses telles que politique, normes et littérature, cognition, linguistique et pragmatique. Il regroupe l’ensemble des travaux autour de la question de la « (re)contextualisation du sens », soulignant le caractère indispensable de recherches axées sur les différences culturelles dont la traduction porte les signes explicites. C’est donc l’acte interprétatif sous-jacent à la pratique traductionnelle qui est mis sous examen, Jeroen Vandaele allant jusqu’à affirmer que se demander s’il est légitime de penser la traduction comme une activité de création d’identité culturelle revient, ni plus ni moins, à poser la question de la légitimation de la traductologie elle-même. L’ensemble des articles présentés dans le recueil offrent des pistes de réponses, un certain nombre de travaux se référant à l’approche fonctionnelle et descriptiviste prônée par Toury, mais d’autres s’en écartant de manière substantielle. La question de la (re)contextualisation du sens, qui s’inscrit ici dans le cadre de la problématique des dynamiques culturelles (autrement dit des Cultural Studies) est évidemment liée aux contraintes exercées dans le cadre de l’activité traduisante : par conséquent, cela revient à savoir comment les étudier et comment elles influent sur les choix traductionnels. Bien que réunissant des travaux remontant à maintenant presque dix ans, l’ouvrage mérite d’être lu, premièrement parce que la thématique abordée, celle de la recontextualisation du sens, est la question fondamentale de l’activité traductionnelle et de sa théorisation. Il est particulièrement intéressant, à l’heure où le concept de « localisation » fait fureur et tend à occulter la diversité des pratiques traductionnelles, de se souvenir que le problème de la « recontextualisation » est le problème fondamental de la traduction et que l’on n’a pas attendu, loin s’en faut, les difficultés posées par l’adaptation de produits commerciaux dans différents pays pour se pencher sur le problème délicat de la tension générée par la mise en présence de plusieurs cultures. Deuxièmement, la variété des modalités traductionnelles envisagées et la référence à de nombreux auteurs en traductologie illustrent de façon intéressante l’incessant aller-retour entre pratique et théorie. Enfin, la postface, écrite par Pym, est également source de réflexion. Un tantinet provocateur, Pym relève que les courants de pensée de la traductologie des années 1990 sont marqués essentiellement par la rupture entre la linguistique et la traductologie, la présence de la première étant perçue comme la marque d’une position prescriptiviste à rejeter à tout prix, la seconde se centrant davantage autour d’approches relevant davantage des Cultural Studies. Toutefois, mettant en cause l’écart creusé entre la théorie et la pratique, Pym s’interroge sur le rôle de la mondialisation et de l’évolution du marché de la traduction. Ce faisant, il questionne l’adéquation de la formation des traducteurs et argue que les approches descriptives et prescriptives ne sont au fond que les deux facettes d’une même médaille. Rejetant toutefois une allégeance univoque, que ce soit à la linguistique ou aux Cultural Studies, il plaide, pour les années 2000, en faveur de la réunification d’approches prétendument divergentes et de l’ouverture d’esprit, ce qui ne saurait manquer d’enrichir la traductologie bien mieux que le repliement sur elle-même.