Chesterman, A. (2000) : Memes of Translation. The Spread of Ideas in Translation Theory, Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins, coll. « Benjamins Translation Library 22 », 219 p.[Record]

  • André Clas

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  • André Clas
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Il s’agit de la réédition, en version brochée et avec quelques corrections mineures, selon l’auteur, du même livre paru en 1997. C’est sans nul doute bon signe de voir, après trois ans, une réédition de ce livre, à la fois parce que l’ouvrage est à nouveau disponible et qu’il l’est à un prix plus modique. Dans la « Préface », l’auteur justifie son ouvrage en se fixant trois buts. Le premier but est métaphorique dans son exploration des théories de la traduction et renferme sa présentation du cadre conceptuel qui lui permet de relier des points de vue disparates sur la traduction. Le deuxième but est théorique et expose une orientation influencée par Karl Popper, soit le concept de la théorie expérimentale, de l’élimination des erreurs et de l’évolution de la connaissance objective, à laquelle s’ajoute une argumentation appuyée sur la norme – sur la théorie de la norme et partiellement sur la théorie de l’action –, sur la stratégie et sur la valeur. Le troisième but est directement pratique en ce sens qu’il montre que la théorie de la traduction a une utilité tant pour les traducteurs que pour les étudiants ou leurs formateurs. Le premier chapitre explique, comme il se doit, le concept de mème (nous donnons l’équivalent français), emprunté par les études culturelles de l’évolution à la sociobiologie. Le mot, créé par Dawkins, est une formation parallèle à celle de gène. Comme les gènes, les mèmes ont des attributs semblables : ils participent à l’évolution, luttent pour leur survie, sont soumis à des mutations et transmettent des caractéristiques particulières. Les mèmes sont en fait des unités d’imitation qui possèdent un certain niveau de généralité. L’auteur trouve indiqué d’utiliser alors le concept de supermèmes pour les mèmes qui ont un niveau élevé de généralité. Les mèmes apparaissent souvent dans des complexes, les mémomes où ils sont alors en position d’interdépendance avec d’autres mèmes. Une théorie peut donc se concevoir comme un mémome. Certains mèmes enrobent des concepts de traduction, des vues sur la traduction et sur la théorie de la traduction et forment donc ce qu’on peut appeler les mèmes de traduction. L’auteur propose l’étude de cinq supermèmes de traduction. Ainsi, le supermème source-cible correspond à l’idée que la traduction est directionnelle et renvoie donc aux concepts bien connus de texte-source (texte de départ) et de texte-cible (texte d’arrivée). La traduction diffuse les mèmes du texte-source aux lecteurs du texte-cible. En fait, très souvent cette diffusion se fait avec un ajout qui constitue une valeur supplémentaire pour le texte-source, et il n’est pas étonnant d’y trouver également ce qu’on peut qualifier d’idées proligères, c’est-à-dire ces connaissances qui naissent dans la langue-cible en développant des interprétations suggérées ou découvertes dans la prise de conscience ou l’analyse des mèmes originels. L’équivalence est un autre supermème. En fait, le supermème équivalence est la pièce centrale de toute la traduction. Le mot même de traduction montre bien que quelque chose, avec l’obligation d’équivalence, doit passer de X à Y. Mais, il faut le reconnaître, cette notion d’équivalence se montre plus ou moins élastique, ce qui permet d’en déterminer plusieurs formes et de dresser une typologie. L’auteur nous renvoie alors aux notions bien connues d’équivalence formelle et d’équivalence dynamique que l’on trouve chez Nida (1964), d’équivalence sémantique et d’équivalence communicative de Newmark (1981), d’équivalence directe (overt) et d’équivalence indirecte (covert) de House (1981), d’équivalence documentaire et d’équivalence instrumentale de Nord (1991), et d’équivalence imitative et d’équivalence fonctionnelle de Jakobsen (1994), par exemple. D’autres classifications plus ou moins complexes sont également présentées, comme l’équivalence fonctionnelle, l’équivalence stylistique, …