Rouleau, M. (2001) : Initiation à la traduction générale. Du mot au texte, Brossard, Linguatech, 241 p.[Record]

  • Jean-Claude Gémar

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  • Jean-Claude Gémar
    ETI, Genève, Suisse

La publication, en 1958, de la Stylistique comparée du français et de l’anglais de Vinay et Darbelnet, oeuvre pionnière, montrait la voie à l’enseignement universitaire de la traduction. Depuis, beaucoup d’auteurs, traducteurs ou traductologues, ont suivi le mouvement. On ne compte plus les publications d’ouvrages, rédigés dans la plupart des grandes langues de communication, visant à former des traducteurs, à les initier à l’art et à la pratique d’une activité attestée depuis la plus haute Antiquité. Depuis une vingtaine d’années, l’évolution vers la spécialisation du traducteur aidant, on assiste plus fréquemment à la parution d’ouvrages spécialisés (en commerce, finances et économie, publicité, droit, médecine, technique, etc.), voire théoriques, qu’à celle de manuels de formation à la traduction dite « générale ». C’est pourtant par là, avant de songer à se spécialiser, que le traducteur fera son apprentissage, acquerra les bases de son futur métier et prendra les bonnes habitudes qui lui serviront sa carrière durant. On ne le répètera jamais assez : avant de savoir traduire, il faut savoir écrire, et même bien écrire, préalable obligé à tout projet d’apprentissage de la traduction. Maurice Rouleau, auteur du premier (?) manuel pratique d’initiation à la traduction publié à l’aube du nouveau siècle, ne le voit pas autrement, pour qui « on ne s’improvise pas traducteur ». Aussi, avant de prétendre devenir un spécialiste – objectif louable en soi – et de brûler des étapes, faut-il d’abord acquérir une solide formation générale. C’est le but que vise l’auteur de l’Initiation à la traduction générale, ouvrage qui est celui d’un pédagogue aussi responsable (cf. les avertissements lancés dans l’Avant-propos) que lucide (« traduire n’est pas aussi simple qu’il y paraît », p. xvii), doublé d’un praticien averti dont l’ambition est de former « un professionnel digne de ce nom » (p. xviii). Cette idée de professionnalisme sous-tend d’ailleurs l’ensemble de l’ouvrage. Car, comme chacun sait, la formation du traducteur est exigeante. Activité plus complexe qu’on ne le croit communément, traduire demande de la patience, beaucoup de rigueur et des connaissances quasi encyclopédiques. Avis à l’apprenti traducteur qui n’en tiendrait pas compte, la déconvenue sera à la hauteur de ses prétentions ou de sa naïveté. Deux principes cardinaux ont inspiré la démarche de l’auteur. Celui de la connaissance et de la compréhension des langues et de leurs mécanismes, tout d’abord, lorsque l’auteur apostrophe ainsi le lecteur : « Êtes-vous bon récepteur ? » Le second principe – « Êtes-vous bon émetteur ? » – rappelle sans équivoque que la traduction est avant tout affaire de communication et qu’une communication efficace passe obligatoirement par la maîtrise du verbe. Les fondements de ce manuel d’initiation à la traduction générale reposent sur ces deux grands piliers. Sans pour autant prétendre avoir apporté des réponses à toutes les interrogations que se pose l’apprenti traducteur, l’auteur a su ramasser en quelques principes essentiels le contenu d’une riche et rigoureuse expérience. Les positions sont nettes, les réponses claires et les exemples nombreux, précis et pertinents. L’ouvrage est divisé en cinq parties, dont trois principales, précédées d’une introduction. Le tout est assorti, à chaque étape de l’apprentissage, d’exercices d’application pertinents et fort bien conçus, ainsi que de figures illustrant le propos. Une série de douze annexes, consacrées à des difficultés particulières de la rédaction (typographie, reformulations, équivalences…), parachève un manuel principalement destiné aux étudiants du premier cycle universitaire. Un index des mots-clés permet au lecteur de retrouver facilement les noms et notions essentiels présentés. Dès l’introduction, ce dernier est mis devant ses responsabilités quand l’auteur lui propose d’emblée de devenir un spécialiste de la communication. Car c’est bien de …