Comptes rendus

Pinilla, J. A. y M. D. Valencia (Dirs.) (2003) : Seis estudios sobre la traducción en los siglos XVI y XVII (España, Francia, Portugal, Italia) [Six études sur la traduction aux seizième et dix-septième siècles (Espagne, France, Portugal, Italie)]. Granada, Editorial Comares, 242 p.[Record]

  • Álvaro Echeverri

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  • Álvaro Echeverri
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Ce recueil d’articles sur l’histoire de la traduction en Europe aux xvie et xviie siècles s’inscrit dans le cadre des recherches du groupe LEC (Linguística, estilística y computación) de l’Université de Grenade. Quatre des études (2, 3, 4 et 6) ont été écrites par des membres du groupe LEC. Les deux autres sont l’oeuvre de Julio César Santoyo, professeur à l’Université de León, et de Carlos Castilho Pais, professeur à l’Université Aberta de Lisbonne. Les directeurs de cette publication se sont donné un double objectif. D’une part, mettre en exergue des aspects peu étudiés dans le discours traductologique espagnol, français, portugais et italien, et de l’autre, répertorier les documents et les personnages qui deviennent des objets d’étude pour l’histoire de la traduction à cette époque. Le seul répertoire de traducteurs et de traductions éveillera la curiosité des historiens de la traduction et de l’interprétation, et de ceux qui voient la traduction comme la manifestation des tensions sociales et politiques d’une société à un moment donné de son histoire. Cet ouvrage est sans aucun doute une contribution précieuse à la connaissance de la pratique de la traduction aux xvie et xviie siècles : une période riche en faits traductologiques particuliers au contexte social, politique et linguistique dans lequel les langues romanes se sont consolidées en langues nationales. Si les lecteurs francophones sont certainement familiers avec la période étudiée, surtout pour le cas de la France, ils trouveront que le mouvement des idées n’a pas pris la même direction ni la même ampleur dans d’autres pays européens. Julio Cesár Santoyo ouvre ce recueil par l’étude « De Nebrija a Sor Juana Inés de la Cruz : Apuntes someros para una historia de las traducciones de autor (autotraducciones) en España y Portugal, 1488-1700 » [De Nebrija à Sor Juana Inés de la Cruz : remarques sommaires pour une histoire des traductions d’auteur (autotraductions) en Espagne et au Portugal, 1488-1700]. L’auteur montre que, contrairement à ce qu’affirment Richard S. Sylvester (1963), Grady Miller (1999) et Christian Balliu (2001), l’autotraduction a toujours été pratiquée. Citant les exemples de Tomás Moore, Pietro Bembo, Calvin, Michel de Boteauville, Jean Bodin, Étienne Dolet et Joachim Du Bellay, entre autres, il montre que les traductions d’auteur étaient une pratique assez courante au xve siècle. Santoyo nous apprend aussi que les traductions d’auteur ne sont pas une manifestation littéraire propre à la configuration linguistique et culturelle de l’Europe de la Renaissance. Il fournit une liste assez impressionnante d’auteurs qui ont traduit leurs propres oeuvres pendant le Moyen Âge (Ramon Llull, Alfonso de Madrigal, Robert Grosseteste, entre autres), le xviie siècle (John Donne, Spinoza, Jacob Cats et Gaudenzi), le xviiie siècle (Goldoni, John Brown et Thomas Smith), le xixe siècle (Gabriela Mistral et Stefan Georges, entre autres) et le xxe siècle (Beckett, Nabokov, Vicente Huidobro, Pirandello ou Tagore). De la même manière, Santoyo nous rappelle que les textes qui faisaient l’objet des « traductions d’auteur » ne se limitaient pas à des ouvrages de nature religieuse ou aux traductions entre les langues anciennes et une langue vernaculaire. Selon lui, les « traductions d’auteur » étaient motivées premièrement par la possibilité d’élargir le lectorat ; deuxièmement, par la liberté qu’éprouvaient les auteurs/traducteurs dans la traduction de leurs propres créations ; et troisièmement par la crainte que leur texte ne tombe entre les mains de traducteurs incompétents. Le second texte de ce recueil « Traductores, gramáticos y escritores en el siglo XVI en Francia : el mismo combate por la lengua francesa [Traducteurs, grammairiens, écrivains au seizième siècle en France : le même combat …