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Nous croyons que nous pouvons, sans trop bouleverser les savoirs ni scandaliser les uns ou les autres, affirmer que la traduction n’est ni une science exacte ni un art indépendant. C’est une science humaine qui, tout à fait comme dans les autres domaines de recherche relevant des sciences humaines, et même des sciences pures, a des secteurs plus rationnels et plus systématiques ou plus évidents et d’autres plus individuels ou encore plus créatifs ou simplement plus novateurs et plus individualisés.

Bien évidemment nous savons que l’acte de traduire demande systématiquement un effort soutenu, une réflexion constante et des décisions très sélectives qui exigent tous une mobilisation infaillible des connaissances acquises et des mises à jour continuelles du savoir, c’est-à-dire qu’au fond il s’agit de construire des schèmes indiscutables qui rendent compte de la réalité et la respectent. Ces actes exigent un mouvement de compréhension profond et aussi raffiné que faire se peut pour pouvoir procéder à la découverte et à l’instauration de ces schèmes ou liens indispensables et justifiables entre les données découvertes dans une langue et les acquis nécessaires qui les concernent ou leur correspondent dans l’autre langue, tout cela pour obtenir et achever l’intégration de cet ensemble recréé dans un enchâssement linguistique qui marque les contraintes et les valeurs incontournables de l’arrivée et qui doivent correspondre, de façon plus ou moins modulée, à l’équivalence.

On voit donc que la traduction tout en étant oeuvre actuelle entretient cependant avec son passé un rapport particulier en ce sens qu’une science pure dès qu’elle formule un nouvel espace théorique annule et disqualifie celui qui lui était antérieur, alors que la traduction, elle, tout au contraire, est additive, liée à l’antérieur et d’une certaine façon très conditionnée par celui-ci et dont l’ensemble reflète l’appartenance à la communauté langagière.

Pour marquer le 50e anniversaire de META, quelle meilleure façon que d’organiser un colloque international pour réunir les traducteurs et interprètes et tous les « amis » de la revue  ! Il y a là un excellent moyen de faire connaissance, de mieux se connaître et de faire progresser le savoir et la réflexion par ces rencontres ciblées. Est-il encore besoin de rappeler le rôle fondamental que jouent la traduction et l’interprétation dans le monde entier. Aucun pays ne se suffit à lui-même, ni aucune langue. Déjà Victor Hugo (Choses vues, 1972 : 290) écrivait : « Un homme qui ne sait pas de langues, à moins d’être un homme de génie, a nécessairement des lacunes dans ses idées » et J. Wolfgang von Goethe (Maximen und Reflexionen) n’hésitait pas à affirmer que : « Wer keine fremde Sprachen kennt, weiß nichts von seiner eigenen ». Nous avons ici deux témoignages d’hommes illustres de pays différents qui prônent la connaissance des langues et montrent l’avantage indéniable de connaître des langues. Le traducteur et les interprètes ont ces avantages et même les dépassent. Aucune organisation internationale ne saurait fonctionner sans eux.

Le comité de rédaction de META, Journal des Traducteurs, Translators’ Journal, en plus des numéros spéciaux, a donc voulu donner tout l’éclat nécessaire à cet important 50e anniversaire de la revue par la tenue d’un colloque international. Ainsi, du 7 au 9 avril 2005 l’Université de Montréal était l’hôte du Colloque international du 50e anniversaire de META avec comme thème fédérateur

Pour une traductologie proactive
FOR A PROACTIVE TRANSLATOLOGY
Por una traductología proactiva.

L’équipe organisatrice, soit Georges L. Bastin, Hélène Buzelin, Jeanne Dancette, Judith Lavoie, Egan Valentine et Sylvie Vandaele, à laquelle je voudrais exprimer ici tous mes remerciements en soulignant leur appui et leur aide indéfectibles, tout comme leur dévouement exceptionnel, avait retenu ce thème du colloque pour stimuler les chercheurs en traductologie et les obliger de s’adonner à de nouvelles et proligères réflexions dans les secteurs disciplinaires et interdisciplinaires ou encore dans des disciplines applicatives comme celles de l’information, de la formation et encore de l’informatisation.

Pour lancer le débat, on s’assura de la participation pour les quatre séances plénières prévues de collègues disposés à créer les amorces indispensables à la réflexion collective et à donner à l’ensemble l’irénisme indispensable pour oeuvrer dans la collégialité la plus parfaite.

Nos remerciements vont ainsi à Maria Tymozcko, Department of Comparative Literature, University of Massachusetts at Amherst ; à Don Kiraly, Fachbereich Angewandte Sprach- und Kulturwissenschaft (Germersheim) Johannes-Gutenberg-Universität Mainz ; à Francisco M. Lafarga, Departamento de Filologia Romànica, Universitat de Barcelona ; à Marie-Claude L’Homme, Département de linguistique et de traduction, Université de Montréal ; et également à juste titre aux très nombreux participants, plus d’une centaine, originaires de plus de 30 pays différents. Ils ont tous répondu à notre appel, prouvant bien ainsi que le thème était porteur et indirectement que META avait peut-être un certain mérite.

Nos remerciements vont également au Comité scientifique qui s’est dévoué pour évaluer et ordonner les résumés reçus. Que Christian Balliu, Institut supérieur de traducteurs et interprètes, Haute École de Bruxelles, Georges Bastin, Département de linguistique et de traduction, Université de Montréal, Hélène Buzelin, Département de linguistique et de traduction, Université de Montréal, Lyne Bowker, École de Traduction de d’Interprétation, Université d’Ottawa, Martin Forstner, Fachbereich Angewandte Sprach- und Kulturwissenschaft (Germersheim) Johannes-Gutenberg-Universität Mainz, Président de la CIUTI, Hannelore Lee-Jahnke, École de Traduction et d’Interprétation, Université de Genève, Rosa Rabadàn, Departamento de filologìa moderna, Universidad de Léon, et Candace Séguinot, École de traduction du Collège Glendon, Université York trouvent ici l’expression de toute notre gratitude pour leur excellent travail et leurs judicieux conseils.

Nous aimerions également rappeler que le Colloque était placé sous la présidence d’honneur de Robert Lacroix, Recteur de l’Université de Montréal, et d’Antoine Del Busso, Directeur des Presses de l’Université de Montréal. La séance d’ouverture a été également rehaussée par la présence de Joseph Hubert, Doyen de la Faculté des Arts et des Sciences, et des principaux représentants des organismes universitaires professionnels : Martin Forstner, Président de la Conférence Internationale permanente des Instituts universitaires de Traducteurs et d’interpètes (CIUTI), Betty Cohen, Présidente de la Fédération Internationale des Traducteurs (FIT), Monique C. Cormier, Présidente de l’Ordre des Traducteurs, Terminologues et Interprètes Agréés du Québec (OTTIAQ), de la représentante de la Présidente de l’Association des traductrices et traducteurs littéraires du Canada. Que toutes ces personnalités trouvent ici l’expression de notre profonde gratitude. Je ne saurai terminer sans exprimer mes remerciements à toute l’équipe des bénévoles qui nous ont prêté main forte et particulièrement à Anaïs Tatossian, notre assistante.

On trouvera donc dans ce numéro spécial de META les textes des Actes de ce colloque, mais comme il n’était pas possible de reproduire l’ensemble des articles reçus, le comité d’organisation a décidé d’imprimer seulement les textes des séances plénières ainsi que la table des matières des textes retenus et d’inclure un cédérom renfermant toutes les communications du colloque. Nous espérons ainsi avoir répondu aux nécessités rapides et complètes de diffusion de l’information et ainsi rendre service aux collègues et à la communauté.