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Branchadell, A. and L. M. West (eds) (2005) : Less Translated Languages, Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins Publishing Company, Collection Benjamins Translation Library, volume 58, vii + 414 p.[Record]

  • Serge Marcoux

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  • Serge Marcoux
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Fruit des travaux de la 5e Conférence internationale sur la traduction tenue en 2001, Less Translated Languages se veut une analyse méthodique de ce concept calqué sur celui des « langues peu utilisées ». Le catalan, langue qui a connu au cours des siècles diverses périodes d’effacement et de renaissance, est au coeur de cette analyse et constitue un excellent exemple de l’adaptation que doit faire une langue longtemps tenue dans l’ombre pour s’adapter aux réalités du monde moderne. La première partie du livre est consacrée au phénomène de l’anglais comme langue dominante de notre époque. Une première contribution met en garde contre la tentation de voir dans le fait que plus de traductions sont effectuées à partir de l’anglais que vers cette langue un sombre complot de la part de maisons d’édition ou une volonté d’impérialisme culturel. Anthony Pym et Grzegorz Chrupała démontrent grâce à un modèle mathématique qu’il est dans l’ordre des choses que la langue dans laquelle sont publiés le plus grand nombre de livres soit aussi celle à partir de laquelle se fassent le plus grand nombre de traductions ; à l’inverse, moindre est le nombre de livres publiés dans une langue, moindre également sera le nombre de traductions faites à partir de la même langue. S’y ajoute le fait que plus d’un lecteur bilingue ou multilingue préfère lire la version originale d’une oeuvre, donnant ainsi un avantage supplémentaire à l’anglais. Par opposition à cette prédominance de fait, l’Union européenne affirme l’égalité de droit entre les 23 langues officielles de ses pays membres, égalité poussée si loin que les traductions des textes législatifs ne sont pas considérées comme des traductions, mais bien comme des versions originales puisque le texte source, dans quelque langue qu’il ait été rédigé, cesse d’exister une fois traduit. Sur le plan de la forme, les textes doivent se présenter de façon identique et contenir le même nombre d’articles, de paragraphes et même de phrases. Vilelmini Sosonis nous rappelle toutefois les limites de cette égalité de droit : ne sont considérées langues de la communauté que les langues officielles des États. De telle sorte que les parlants français d’Italie ne pourront pas nécessairement communiquer dans cette langue avec les autorités de l’Union, pas plus que les parlants castillan d’Espagne. Pardoxalement, cette multiplication des langues officielles renforce la prééminence de l’anglais, du français et de l’allemand dans la vie quotidienne de la communauté aux dépens de langues moins fréquemment utilisées et traduites comme le danois ou le grec. L’une des raisons pour laquelle certaines langues sont moins traduites que d’autres réside dans la difficulté qui leur est propre de s’adapter aux rapides changements scientifiques et technologiques que connaît notre époque. Partant du fait que, dans les langues occidentales, ce vocabulaire scientifique se forme souvent par l’ajout de préfixes et de suffixes d’origine gréco-latine, Hassan Hamzé étudie la possibilité d’élaborer un système similaire pour l’arabe afin de simplifier et d’accélérer la traduction. Mais, outre que le système n’est pas identique entre toutes les langues européennes (le français et l’allemand par exemple), les différences morphologiques fondamentales entre ces langues et l’arabe rendraient pratiquement impossible la création d’un système de dérivation copié sur celui du français. Si elles ont tendance à « occulter » les langues minoritaires, les langues dominantes peuvent servir de langues intermédiaires au moment du passage vers diverses langues moins souvent traduites. Ainsi, Nobel Pedu Honeyman explique comment la traduction en anglais du Kitáb-i-Aqdas, le livre saint de la religion Bahá’í, a permis de réaliser, en moins d’un an, une nouvelle traduction, cette fois en espagnol, à l’intention des hispanophones d’Europe et …

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