Documentation

Bastin, G. L. and P. F. Bandia (eds) (2006) : Charting the Future of Translation History, Ottawa, University of Ottawa Press, vii + 344 p.[Record]

  • Serge Marcoux

…more information

  • Serge Marcoux
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Fruit des travaux de la dix-septième conférence annuelle de l’Association canadienne de traductologie, ce recueil de communications vise à établir l’histoire de la traduction comme champ d’étude autonome au sein de la traductologie, que ce soit en redressant certaines erreurs du passé, en comblant certaines lacunes ou en dégageant de nouvelles avenues méthodologiques pour l’avenir. La première partie du livre aborde ces trois thèmes sous l’angle méthodologique, alors que la deuxième les reprend sous l’angle purement historique. Ce même thème est repris, sur le plan sociologique cette fois, par Reine Meylaerts dans « Conceptualizing the Translator as a Historical Subject in Multilingual Environments ». S’appuyant sur l’exemple de son propre pays, la Belgique, elle démontre que lorsque la notion traditionnelle d’État-Nation (un peuple, une langue, un territoire) ne tient plus (dans les États bilingues ou multilingues notamment), la notion d’ « habitude » et le processus d’acculturation tendent à rendre perméable, en traduction, la distinction entre langue source et langue cible. Jusqu’en 1935 environ, le français était dans ce pays la langue de la culture, de l’administration et des affaires. Dans la période entre les deux guerres, l’affirmation du flamand a valu à de nombreuses oeuvres d’être traduites de cette langue vers le français. Tout en démontrant l’importance grandissante de cette langue, elle confirmait en même temps son statut d’infériorité puisque les francophones, au lieu d’apprendre le flamand pour pouvoir lire les textes en langue originelle, les faisaient traduire dans leur langue. Si bien qu’un traducteur comme Roger Kervyn, pourtant francophone, qui avait réussi à créer une langue littéraire reproduisant le parler « petit flamand » du quartier des Marolles à Bruxelles, sentant l’inconfort de sa position, décida de mettre un terme à son oeuvre alors au sommet de sa popularité. Une telle situation ne pourrait se produire au Canada où les processus d’acculturation historique, culturelle et politique ont évolué d’une tout autre façon. D’où la nécessité de repenser les notions de « culture source » et de « culture cible » et la position du traducteur dans le processus de communication entre les deux. Le courant de recherche « microhistorique » propose de délaisser les phénomènes de groupes pour se concentrer sur l’individu et de s’en inspirer pour voir comment celui-ci reflète le monde qui l’entoure. Sergia Adamo revoit ainsi l’histoire de la traduction à la lumière de la microhistoire. Dans « Microhistory of Translation », elle résume ce mouvement en mettant en lumière des sources et documents d’archives jusque là délaissés, ce qui permet de repenser à la fois la notion narrative de l’histoire et la position subjective de l’historien puisque les gestes que fait celui-ci en choisissant ses champs de recherche ne sont pas neutres et trahissent une réinvention de l’histoire pour lui donner un sens face au présent. Ses recherches lui ont ainsi permis d’établir que, dans l’espace culturel italien, la traduction de romans au dix-huitième siècle s’avérait un facteur important pour identifier un public lecteur féminin en tant que marché ayant ses caractéristiques propres. En ce qui a trait à l’interprétariat, on pourrait avancer que l’histoire de cette discipline n’existe pratiquement encore qu’à l’état de microhistoire. S’inspirant du cas de Joseph Belleau, un avocat de Québec qui, en 1919, fut recruté pour servir d’interprète à la conférence internationale qui devait donner naissance à l’Organisation mondiale du travail, Jésus Baigorri Jalón, dans « History of Interpretation », montre le travail qu’il reste à faire pour passer du cas d’espèce à la rédaction d’une histoire de l’interprétation. Pour y parvenir, il trace un tableau fascinant de dix-sept champs d’études possibles, en identifiant les sources disponibles pour …

Appendices